Zimbabwe : l’anniversaire sans faste du président déchu Mugabe
Loin du faste de ses années de règne, Robert Mugabe a fêté mercredi son 94e anniversaire dans l’intimité. Un jour férié en son honneur a tout de même été célébré dans le pays.
D’ordinaire, l’anniversaire de Robert Mugabe était l’occasion de réjouissances pantagruéliques au Zimbabwe. Plusieurs milliers de ses partisans étaient alors conviés à faire ripaille en compagnie du vieux président.
Au menu : viandes d’éléphant, de buffle ou d’antilope, suivies de gâteaux monumentaux – dont le poids en kilos équivalait au nombre de bougies soufflées – pour une facture totale estimée par la presse à 800 000 dollars en 2016. Vêtu d’un costume taillé dans un tissu à son effigie, le président Mugabe discourait alors longuement devant la foule sur les mérites de son règne.
Le grand raout n’aura pas lieu
Cette année, le grand raout n’aura pas lieu. Car, entre temps, Robert Mugabe a été forcé de démissionner en novembre dernier à la suite d’un coup de force militaire. Loin du faste des années de règne, il a donc fêté son 94e anniversaire dans l’intimité.
Silence également dans les rangs des ministres, ambassadeurs ou chefs d’État étrangers, qui d’ordinaire lui témoignaient leurs vœux d’anniversaire.
Pour autant, l’ancien président n’a pas disparu du paysage. Le journal officiel The Herald a ainsi consacré mercredi son éditorial à l’ancien chef de l’État en appelant à « Boire à la santé de Mugabe ». De même, les Zimbabwéens vont pour la première fois observer un jour férié à l’occasion de son anniversaire.
« Des vœux et un gâteau »
L’instauration de ce nouveau jour férié – intitulé « Journée nationale de la jeunesse Robert Mugabe » – avait été annoncée en août par le gouvernement Mugabe, mais n’avait été officialisée que quelques jours après la prestation de serment du nouveau chef de l’État, Emmerson Mnangagwa, fin novembre.
« C’est un jour que nous chérissons et nous vénérons l’ancien président », a affirmé à la presse Simon Khaya Moyo, porte-parole du parti au pouvoir depuis l’indépendance en 1980, la Zanu-PF. « Le parti va envoyer ses meilleurs vœux et un gâteau », a-t-il ajouté.
Il se rend dans sa ferme, contrairement à ce que disent les mauvaises langues
Des attentions qui contrastent avec l’attitude du parti lors du coup de force militaire en novembre : la Zanu-PF avait alors lâché en rase campagne Robert Mugabe, qui avait perdu le soutien de l’armée et de la rue, et décidé de soutenir Emmerson Mnangagwa, l’ancien vice-président.
Mugabe « attend de fêter son anniversaire »
Depuis sa démission, Robert Mugabe se fait très discret. Selon un de ses proches, Gideon Gono, l’ancien patron de la Banque centrale, le nonagénaire « se porte bien, se repose et attend de fêter son anniversaire ».
« Il se rend dans sa ferme, contrairement à ce que disent les mauvaises langues », a-t-il ajouté.
« Il porte toujours ses costumes, il s’habille bien », a raconté aux médias locaux le père jésuite Fidelis Mukonori, médiateur dans les négociations qui ont abouti à la démission de Robert Mugabe.
En début de semaine, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a rendu visite à l’ancien chef de l’État tombé en disgrâce et publié sur son compte Twitter une photo du couple Mugabe, la première depuis le départ des Mugabe.
In #Harare for my first visit following the peaceful transition of power. #Zimbabwe is indeed open for business! Met with President @edmnangagwa and it was an honour to also pay a visit to former President Robert Mugabe. With thanks to foreign minister SB Moyo. #ED100days pic.twitter.com/5quQCEuRRS
— Moussa Faki Mahamat (@AUC_MoussaFaki) February 19, 2018
Le visage renfermé de Grace
Sur ce cliché, l’ancien président se tient droit, dans un costume cravate marron et rouge, aux côtés de son épouse, visiblement amaigrie et le visage grave.
Cette dernière, connue pour son goût de luxe, ses extravagances et ses coups de colère, a, contre son gré, précipité la chute de son mari. L’armée était intervenue pour contrecarrer ses ambitions de succéder, le moment venu, à son mari.
Grace Mugabe se retrouve aujourd’hui au cœur d’une enquête des autorités anti-corruption, qui la soupçonnent d’avoir obtenu un doctorat frauduleux.
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