Atlas Mara poursuit son envolée

Déjà actif dans six pays, le groupe souhaite en couvrir une dizaine d’autres rapidement. Tout en menant une véritable révolution technologique dans les services financiers.

Atlas Mara souhaite prendre le contrôle opérationnel d’Union Bank of Nigeria, ou revendre… © Gwenn Dubourthoumieu pour J.A.

Atlas Mara souhaite prendre le contrôle opérationnel d’Union Bank of Nigeria, ou revendre… © Gwenn Dubourthoumieu pour J.A.

ProfilAuteur_FredMaury

Publié le 21 novembre 2014 Lecture : 4 minutes.

Désormais, Atlas Mara est pleinement opérationnel. Après avoir levé 625 millions de dollars (500,3 millions d’euros) en deux fois à la Bourse de Londres depuis décembre 2013, le groupe de services financiers est réellement né fin août, une fois les acquisitions du holding African Development Corporation (ADC) et du groupe d’Afrique australe BancABC finalisées.

Les opérations ont porté Atlas Mara – fondé par Bob Diamond, l’ex-patron de Barclays, et l’homme d’affaires Ashish Thakkar – parmi les 200 premières banques du continent, avec un total de bilan de 1,3 milliard d’euros environ et une implantation dans cinq pays d’Afrique orientale et d’Afrique australe.

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Altlas-MaraDébut septembre, ce sont 20,9 % du capital d’Union Bank of Nigeria (UBN) qui tombaient dans son escarcelle pour 270 millions de dollars en cash. Mi-octobre, l’acquisition de la majorité du capital de la branche commerciale de la Banque rwandaise de développement (BRD) était achevée.

« Notre objectif n’est pas d’être une banque panafricaine présente dans tous les pays, prévient Jyrki Koskelo, directeur de la stratégie d’Atlas Mara interrogé par Jeune Afrique lors du récent Global African Investment Summit. Nous voulons devenir une institution leader, présente dans quinze ou seize pays pour couvrir 80 % de l’espace bancaire continental. »

En Afrique de l’Est, Atlas Mara regarde le Kenya avec insistance, sans savoir encore s’il s’y développera à travers une association avec une banque locale ou via sa nouvelle filiale rwandaise. L’Afrique de l’Ouest est également dans son viseur. Quant au Nigeria, principal marché au sein du troisième bloc convoité, le groupe n’y a pas la main sur UBN, qui reste contrôlé majoritairement par un groupe de financiers.

« Nous avons besoin d’être opérateur, affirme sans détour Jyrki Koskelo, qui connaît bien l’univers bancaire africain pour avoir supervisé plusieurs années les investissements de la Société financière internationale (IFC, groupe Banque mondiale) dans les établissements du secteur. Rien n’est exclu : soit nous passons en situation de contrôle, soit nous vendons nos parts et nous nous tournons vers une autre banque. »

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Preuve de sa stratégie opportuniste, Atlas Mara avait discuté d’autres dossiers avec Asset Management Corporation of Nigeria (Amcon, qui lui a vendu ses parts dans UBN), dont les 12,5 % que détenait alors la structure nigériane dans le groupe Ecobank. Si ces parts ne lui avaient pas été soufflées par Qatar National Bank, le groupe aurait trouvé dans Ecobank une voie idéale pour pénétrer ce qui reste son autre chantier inexploré : l’Afrique francophone. Un espace qu’Atlas Mara juge difficilement contournable. « Dans cette zone, grâce au système du passeport unique qui permet de créer des succursales, une banque installée dans un seul pays suffit pour rayonner au-delà », complète Jyrki Koskelo.

En souplesse

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Rejetant toute assimilation à une structure de capital-investissement souhaitant revendre ses participations après quelques années, Atlas Mara affirme désirer bâtir un nouveau groupe bancaire africain leader. En souplesse : « Notre démarche s’apparente plutôt à des combinaisons de business, pas vraiment à des acquisitions simples, insiste Jyrki Koskelo. Nous ne voulons pas acheter des banques et remplacer leurs dirigeants. Bien au contraire, nous les soutenons et leur permettons d’accéder plus facilement à des capitaux internationaux pour se développer. »

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Le holding de tête, composé de moins de dix personnes, devrait rester léger. La création d’une marque bancaire unique n’est pas exclue, mais elle est loin d’être urgente. « Certaines banques ont des marques solides et reconnues localement, pourquoi les leur enlever ? » interroge Jyrki Koskelo.

La fusion des systèmes d’information et l’harmonisation de la gestion des risques figurent en revanche parmi les priorités. Dans les institutions les plus anciennes comme BancABC, Atlas Mara entend faire bouger les lignes : utiliser le cloud [la délocalisation de traitements informatiques sur internet] par exemple, mettre en place un système technologique sophistiqué pour gagner en efficacité et diminuer les coûts.

Une logique qui éclaire d’une lumière nouvelle le rôle d’Ashish Thakkar, seul acteur d’Atlas Mara à ne pas être banquier. Via Mara Group, l’homme d’affaires est actionnaire de l’une des plateformes IT (Mara Ison, une coentreprise entre Mara Group et Ison BPO) les plus développées du continent, active dans plus de vingt pays. De quoi aider au lancement d’une véritable révolution technologique dans le monde bancaire africain.

Mystère

« Le mobile banking est indispensable. Il est impossible d’ouvrir des agences partout en Afrique, cela coûterait trop cher », souligne Jyrki Koskelo. Ainsi au Rwanda, la structure acquise (pour moins de 30 millions de dollars) par Atlas Mara n’est d’ailleurs pas une banque comme les autres.

L’acquéreur reste bien mystérieux sur la taille exacte de cet ensemble, qui posséderait moins de cinq agences, mais affiche une certitude : vouloir y expérimenter de nouvelles manières de travailler. Le profil du patron de cette structure en dit beaucoup sur les ambitions d’Atlas Mara : pendant trois ans, Konde Bugingo a été directeur opérationnel de la deuxième banque du pays, la BPR, puis il a dirigé RSwitch – revendue récemment à l’opérateur de télécoms Tigo – une success-story dans le domaine des paiements électroniques.

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