RDC : la très controversée « machine à voter » enfin présentée

Les autorités congolaises ont présenté leur « machine à voter », mercredi. Une nouveauté qui, avant même sa présentation, a provoqué de nombreuses polémiques. Les États-Unis ont notamment laissé entendre que le système pourrait fausser les résultats des élections prévues le 23 décembre 2018.

Jean-Pierre Kalamba, porte-parole de la Ceni de la RDC lors de la présentation à la presse des machines à voter. © DR / Ceni RDC

Jean-Pierre Kalamba, porte-parole de la Ceni de la RDC lors de la présentation à la presse des machines à voter. © DR / Ceni RDC

Publié le 21 février 2018 Lecture : 3 minutes.

« Ce n’est pas une machine à tricher » mais « une machine à simplifier » et à « réduire le coût » des élections, a proclamé d’entrée le rapporteur de la commission électorale (Céni), Jean-Pierre Kalamba, lors d’une présentation à la presse mercredi. « Sans machine à voter, il n’y aura pas d’élections le 23 décembre 2018 », avait prévenu il y a quelques jours le président de la Céni, Corneille Nangaa.

Une nouveauté qui crée la polémique

Une insistance que  l’ambassadrice américaine aux Nations unies, Nikky Haley a dénoncé  lors sa visite à Kinshasa fin octobre. Un tel recours représente « un risque colossal » et les États-Unis souhaitent le recours à « des bulletins papier pour qu’il n’y ait pas de doutes sur le résultat », a-t-elle ajouté le 12 février.

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« Nikky a dit que c’était un vote électronique », mais le dépouillement reste « manuel », explique en substance Jean-Pierre Kalamba devant plusieurs dizaines de journalistes.

Bien avant la prise de position de l’ambassadrice américaine, l’opposition congolaise avait rejeté l’utilisation de la « machine à voter ». Le puissant épiscopat a « invité » lundi la commission électorale « à lever l’équivoque et les suspicions autour de la machine en acceptant sa certification par des experts nationaux et internationaux ».

Fonctionnement de la « machine à voter »

A vue d’œil, la machine de toutes les polémiques se présente sous la forme d’un simple écran tactile fabriqué en Corée du Sud. La machine ne fonctionnera qu’en français, langue officielle, et non dans les quatre langues nationales.

A l’ouverture du bureau de vote, son président devra glisser une carte verte dans la fente de la machine à voter. « Cette étape permet d’enregistrer l’heure d’ouverture du bureau et l’identité du président et ses assesseurs », poursuit Jean-Pierre Kalamba.

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Ensuite, l’électeur glisse un seul bulletin dans la machine pour les trois élections. Pour chacune, la photo des candidats apparaît sur l’écran tactile. « Pour choisir votre candidat touchez sur sa photo et la machine zoome sur le candidat choisi », explique la commission électorale. Il est possible d’annuler son choix, en cas d’erreur.

Il faut respecter la loi. On parle d’isoloirs. Si vous en voulez, on mettra des isoloirs

A la fin de l’opération, la machine imprime les trois noms choisis au dos du bulletin de vote que l’électeur va plier et glisser dans l’urne. A la clôture du bureau de vote, la machine affiche les résultats (nombre d’inscrits, de votants, taux de participation, nombre de voix par candidats).

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Le président clôt les opérations en fermant le bureau à l’aide d’une carte de couleur rouge : « A partir de ce moment là, vous ne pouvez plus voter. Donc bourrage zéro ! », s’enthousiasme le rapporteur de la commission électorale.

Le président et ses assesseurs peuvent passer au dépouillement manuel des bulletins glissés dans l’urne pour une « contre-vérification ». Les dizaines de journalistes congolais présents dans la salle sont plus circonspects. La « machine à voter » sera-t-elle protégée par un isoloir ? « Il faut respecter la loi. On parle d’isoloirs. Si vous en voulez, on mettra des isoloirs », répond le rapporteur, un peu vaguement.

Difficultés de mise en place

Au moins 60 000 machines doivent être déployées dans les bureaux de vote aux quatre coins du pays d’ici décembre 2018. La RDC affirme qu’elle finance seule ce processus électoral titanesque, sans l’aide de ses partenaires étrangers.

Beaucoup reste encore à faire pour tenir les élections dans les temps, a rappelé la Céni: révision du fichier en chassant les doublons après le recensement, inscription des Congolais de l’étranger, « recrutement de 600 à 650 000 agents électoraux ».

Dans cet immense pays de 2,3 millions km2 où la commission électorale affirme avoir recensé plus de 45 millions d’électeurs, trois élections -présidentielle, législatives et provinciales- doivent se tenir le 23 décembre dans ce pays qui n’a jamais connu de transition pacifique du pouvoir depuis son accession à l’indépendance en 1960.

La « machine à voter » reste au coeur de la polémique en RDC, où la réélection du président Kabila en 2011 a été entachée de fraudes massives. La communauté internationale maintient la pression sur Kinshasa pour tenir ce scrutin à la date prévue et organiser le départ du président Joseph Kabila. Son deuxième et dernier mandat a pris fin le 20 décembre 2016.

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