Tchad : libération provisoire d’un activiste « torturé » par la police

La justice tchadienne a accordé vendredi la liberté provisoire à Alain Didah Kemba, qui avait été arrêté lundi 19 février dans les rues de N’Djamena. Cet activiste affirme avoir été torturé lors de sa détention, rapporte Amnesty International.

Place de la Nation à N’Djamena, au Tchad. © Abdoulaye Barry pour JA

Place de la Nation à N’Djamena, au Tchad. © Abdoulaye Barry pour JA

Publié le 23 février 2018 Lecture : 2 minutes.

« Alain Didah Kemba vient d’être libéré, affirme à Jeune Afrique la chercheuse Balkissa Ide Siddo, membre de l’ONG Amnesty International. Le procureur a décidé sa libération provisoire, en constatant son état de santé très faible – il avait même entamé hier [jeudi 22 février] une grève de la faim. »

Porte-parole du mouvement citoyen « Iyina » (« On est fatigué » en arabe dialectal), Alain Didah Kemba avait été interpellé lundi, à N’Djamena. Détenu depuis au commissariat central de la capitale, l’activiste aurait été torturé par les policiers lors de son interrogatoire, selon Amnesty International.

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« Des coups sur la plante des pieds »

D’après l’ONG, l’activiste « pouvait à peine se tenir debout » lors de la visite de son avocat, à qui il aurait confié que « les policiers lui avaient asséné des coups sur les jambes et la plante des pieds pendant un interrogatoire ». « Il a beaucoup de difficultés à marcher », rapporte Balkissa Ide Siddo.

Motif de son arrestation ? « Il s’apprêtait à brûler un tas de pneus, avait indiqué à l’AFP le porte-parole de la police, Paul Manga. Au moment de passer à l’acte, un commandant de police qui passait l’a surpris. »

« Il a voulu fuir à bord d’un moto-taxi, mais (le chauffeur et lui) ont été arrêtés », a-t-il poursuivi. Des accusations niées par l’intéressé, qui a déclaré à son avocat avoir été arrêté alors qu’il faisait son jogging matinal.

Contestation sociale

Le Tchad fait face à une contestation sociale grandissante, en réponse à la cure d’austérité imposée par le gouvernement. Depuis la fin du mois de janvier, les appels à manifester se succèdent au sein des organisations de la société civile, auxquels les autorités tchadiennes répondent par la répression.

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« La semaine dernière, une trentaine d’étudiants tchadiens ont été condamnés à quatre mois de prison ferme pour avoir manifesté, dénonce la chercheuse Balkissa Ide Siddo. Sans parler de Tadjadine Mahadine Babouri, qui est détenu depuis le 30 septembre 2016 pour avoir publié des vidéos en 2016 pour critiquer la mauvaise gouvernance, la corruption et l’impunité. »

En avril 2017, deux autres membres d’Iyina avaient été arrêtés, torturés et détenus au secret sans charge, avant d’être inculpés de « trouble à l’ordre public et incitation à la révolte ». En cause : leur appel à manifester lors d’une « journée Iyina », le 10 avril, soit un an après la présidentielle ayant abouti à la réélection du président Déby.

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