Sall, Wade et « Jeune Afrique »
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Marwane Ben Yahmed
Directeur de publication de Jeune Afrique.
Publié le 26 mai 2014 Lecture : 1 minute.
On pensait que tout les opposait, et on se trompait. Abdoulaye Wade et Macky Sall, son successeur à la tête de l’État sénégalais, ont au moins un point commun. Si, si. Ce qui les rassemble, en cette fin du mois de mai ? Jeune Afrique, qui l’eût cru ? Tout commence le 19 mai, à la sortie de notre nº 2784. La presse sénégalaise fait ses choux gras d’un communiqué de la présidence de la République : "Le Palais dément Jeune Afrique !". En cause, un "Confidentiel" intitulé "Sénégal-Guinée-Bissau : Macky ne vote pas Jomav", qui révèle l’inquiétude qu’inspirait au chef de l’État la victoire annoncée à la présidentielle du 18 mai de José Mario Vaz, jugé trop proche des Angolais mais aussi de la rébellion casamançaise.
Curieusement, nous n’avons jamais reçu le texte officiel, dont les médias du pays de la Teranga ont pour leur part été inondés : "De telles allégations sont fausses, mensongères et ne visent qu’à nuire aux relations d’amitié et de fraternité que le Sénégal entretient avec la République sœur de Guinée-Bissau…" On peut comprendre la gêne provoquée par notre article : il y a mieux pour entamer une relation avec le nouveau chef de l’État d’un pays voisin. Mais nous sommes contraints – il en va du respect dû à nos lecteurs et de notre image – de maintenir notre information, obtenue de très bonne source et recoupée. Inutile, en revanche, de répondre aux accusations, parfaitement ridicules, concernant notre volonté supposée de nuire aux relations entre les deux pays…
Ce même jour, 19 mai, nouveau démenti. Il émane cette fois d’Abdoulaye Wade. L’objet du délit ? "Pétro-polar en eaux troubles", notre enquête consacrée à la Libye. Assane Wade, le directeur de cabinet de "Gorgui", fait parvenir aux rédactions le droit de réponse à J.A. signé de l’ex-président : "Contrairement à ce que vous avez écrit, je n’ai jamais été approché par des Libyens dont celui que vous dites se nommer Khaled Awed, encore moins avoir été escroqué d’une somme quelconque. Je n’ai pas été approché par J.A. sur cette question. Depuis la visite que j’ai effectuée à Benghazi le 9 juin 2011, je n’ai aucun rapport, de quelque nature que ce soit, avec un Libyen." Dont acte. Deux précisions, cependant. Nous avons bel et bien tenté de recueillir la réaction de Wade, par le biais de son directeur de cabinet. Le 14 mai, celui-ci s’était engagé à nous recontacter rapidement, ce qu’il n’a jamais fait. Plus important, l’information relative à l’escroquerie dont aurait été victime l’ancien président émane, comme l’article en fait d’ailleurs mention, d’un membre de son propre entourage. Précisément : de l’un de ses conseillers juridiques, joint d’abord par téléphone, puis rencontré à Paris.
Folle semaine, décidément ! Votre hebdomadaire mis en cause par Wade et son tombeur… Au moins aurons-nous œuvré, fût-ce involontairement, à leur rapprochement.
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