Tunisie : Simon Slama, un candidat juif aux élections municipales soutenu par Ennahdha

La formation islamiste tunisienne Ennahda a annoncé que Simon Slama, un juif tunisien mènerait la liste électorale qu’elle soutient à Monastir. Une annonce qui a fait grand bruit et « casse les idées reçues », selon son vice-président, Abdelhamid Jelassi.

Abdelhamid Jelassi, vice-président d’Ennahdha. © Hassene Dridi/AP/SIPA

Abdelhamid Jelassi, vice-président d’Ennahdha. © Hassene Dridi/AP/SIPA

CRETOIS Jules

Publié le 24 février 2018 Lecture : 2 minutes.

[Réactualisation 22 mars 2018] Quelques jours après la parution de cet article Ennahda a modifié la composition de la liste pour les municipales à Monastir. Simon Slama, qui était initialement en tête de liste, a été rétrogradé à la 7e place.

« Simon Slama n’est pas un adhérent du mouvement. C’est un voisin de quartier de certains de nos militants et il a émis l’idée de se lancer aux élections à venir avec eux. Pour nous, cela a sonné comme une bonne idée, notamment parce que cela casse les idées reçues sur tout à chacun. »

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Le vice-président de la formation islamiste Ennahdha, Abdelhamid Jelassi, reste tout à fait serein lorsqu’on le questionne sur la récente annonce qui a en a étonné plus d’un, à savoir le soutien du parti conservateur à l’inscription de Simon Slama, un Juif tunisien, comme tête de liste électorale à Monastir (centre-est), pour les municipales du 6 mai prochain.

Quant à l’intéressé, contacté par Jeune Afrique, il prend aussi les choses avec calme : « Je suis comme un candidat indépendant mais soutenu par Ennahdha, sur un plan technique et financier notamment. » Simon Slama, né à Monastir en 1962, se présente comme père de famille et petit patron et se dit comme « croyant, pas très pratiquant. »

« Provoquer le buzz »

Il explique son choix de se tourner vers Ennahdha par les orientations que le mouvement a pris lors de son dernier congrès, tenu en 2016. « Le parti a opté pour une distinction nette du politique et du religieux », souligne le candidat aux municipales, qui insiste sur l’accueil chaleureux qui lui a été réservé par les militants islamistes de la ville.

Sur les réseaux sociaux, des internautes accusent le parti islamiste de chercher à provoquer le « buzz » et certains rappellent les résultats moyens de la formation islamiste dans cette ville côtière, souvent présentée comme historiquement bourguibienne lors de précédents scrutins.

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Ennahda avait arraché deux sièges de la circonscription de Monastir à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) lors des élections législatives de 2014 contre cinq pour son rival Nidaa Tounes. Simon Slama en convient : Ennahdha n’est pas très implantée dans la ville, mais il est sûr du succès à venir de sa liste. Quant à Abdelhamid Jelassi, il répond aux critiques : « Je ne pense pas que nous allons « provoquer le buzz ». Au contraire, cela pourrait avoir des répercussions négatives dans une société plutôt traditionnelle. Mais quand on relève le pari de changer les mentalités, il faut oser. »

Élections le 6 mai

L’annonce, elle, n’a pas manqué de susciter de nombreuses réactions. Sur les ondes de Shems, le 19 février, le chargé des affaires politiques de Nidaa Tounes, Borhen Bsaies, est allé jusqu’à la comparer à un spectacle de strip-tease.

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Les élections municipales tunisiennes, attendues de longue date pour consolider la transition démocratique, étaient initialement prévues pour décembre 2017, et avaient été reportées une première fois au 25 mars 2018. L’Instance supérieure indépendante des élections (Isie) a décidé le 16 décembre de le repousser à nouveau de quelques semaines, à la demande des principaux partis politiques. Selon le nouveau calendrier, elles auront lieu le 6 mai 2018.

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