Bilal Ag Acherif : « C’est l’armée malienne qui a attaqué le MNLA »

Dans une interview exclusive accordée à « Jeune Afrique » par téléphone, le leader du MNLA affirme que les militaires maliens ont déclenché les hostilités à Kidal et que ses hommes n’ont fait que se défendre. Il se dit également favorable à un « réel » cessez-le-feu et à l’ouverture de négociations avec Bamako.

Bilal Ag Acherif, secrétaire général du MNLA, le 28 novembre 2012 à Paris. © vincent Fournier/Jeune Afrique

Bilal Ag Acherif, secrétaire général du MNLA, le 28 novembre 2012 à Paris. © vincent Fournier/Jeune Afrique

BENJAMIN-ROGER-2024

Publié le 23 mai 2014 Lecture : 3 minutes.

(Mis à jour le 23 mai à 11h40)

Bilal Ag Acherif ne s’était pas encore exprimé depuis la brusque flambée de violences qui a relancé la guerre entre Bamako et les rebelles touaregs. Depuis Kidal, où il a vécu les violents combats contre l’armée malienne les 17 et 21 mai, le secrétaire général du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) livre sa lecture des derniers évènements.

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S’exprimant en anglais, d’une voix calme, il contredit le gouvernement malien. Le leader du MNLA affirme que ce sont les militaires qui ont déclenché les hostilités le samedi 17 mai, lors de la visite du Premier ministre à Kidal, et que lui et ses combattants "n’ont pas eu d’autres choix que de répondre par les armes". Affirmant contrôler Kidal, Ménaka et Anéfis, Bilal Ag Acherif souhaite désormais un "réel cessez-le-feu" et l’ouverture de négociations avec Bamako.

Quelle est la situation actuelle à Kidal ?

C’est calme, il n’y a pas eu de nouveaux affrontements. Nous contrôlons Kidal et les anciennes positions de l’armée malienne, comme le camp 1 et le gouvernorat. Nous sommes aussi, en coopération avec la Minusma (force de l’ONU au Mali, NDLR), en train de ramasser les corps des victimes des combats de mercredi.

Combien de soldats maliens ont été tués ?

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Difficile à dire, car il y a encore beaucoup de corps dans différents endroits. Mais au moins une quarantaine.

Et de votre côté ?

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Nous avons perdu deux combattants.

Avez-vous des prisonniers ?

Oui, nous détenons quatorze prisonniers. Nous avons aussi délivré des blessés et les avons confiés à la Minusma.

Où est l’armée malienne ?

Le contingent malien qui était à Kidal est désormais divisé en deux. Un premier groupe est reparti vers Gao. Le second est réfugié dans le camp de la Minusma.

Le MNLA contrôle-t-il d’autres localités dans le Nord du Mali ?

En plus de Kidal, nos forces contrôlent Ménaka, Anéfis, et  Anderamboukane.

Nous voulons que de nouveaux mécanismes soient mis en place, notamment au niveau de la communauté internationale, pour que le cessez-le-feu soit respecté.

Quelles sont vos intentions pour les jours à venir ?

Nous souhaitons la mise en place d’un réel cessez-le-feu. Nous avons appelé plusieurs fois à un arrêt des hostilités. Nous sommes prêts à stopper ce conflit, mais l’armée malienne a choisi de nous attaquer. Aujourd’hui, nous voulons que de nouveaux mécanismes soient mis en place, notamment au niveau de la communauté internationale, pour que le cessez-le-feu soit respecté.

Quelles sont vos revendications ?

Après l’accord de Ouagadougou, toutes les parties prenantes, y compris la communauté internationale, ont bien compris que le gouvernement malien n’avait pas l’intention de régler ce conflit. Les autorités de Bamako ont commencé à refaire la même chose que leurs prédécesseurs : arrestations, provocations, attaques… Nous voulons obtenir la paix. Pour cela, il faut dialoguer et organiser des négociations avec le gouvernement malien. Les autorités maliennes doivent enfin entendre les revendications du peuple de l’Azawad.
 
Comment jugez-vous l’attitude de la Minusma et des militaires français présents à Kidal ?

Elle est plutôt positive. Ils essaient de faire respecter le cessez-le-feu au maximum. Malheureusement l’armée malienne ne semble pas les écouter.

Que s’est-il passé le samedi 17 mai, lors de la visite du Premier ministre Moussa Mara à Kidal ?

Nous n’avons pas attaqué le gouvernorat comme les autorités maliennes l’affirment. Les militaires ont profité de la visite du Premier ministre pour nous provoquer. Dès que Moussa Mara est arrivé à Kidal, ils ont déclenché les hostilités. L’armée malienne nous a attaqué en différents endroits, notamment mon quartier général. Nous n’avons pas eu d’autres choix que de répondre par les armes. Le 17 mai, comme le 21, nous étions donc en état de légitime défense et avons protégé notre peuple.

>> Lire aussi "C’est fini pour tout le monde" : un rescapé raconte le "carnage" de Kidal
 
Avez-vous été soutenu par des éléments jihadistes ?

Comme d’habitude, le gouvernement malien n’hésite pas à mentir à sa population, tout ça pour justifier qu’il ne contrôle pas l’Azawad. Nous n’avons pas été appuyés par des jihadistes et n’avons pas besoin d’eux pour se défendre. Nous nous battons contre ces terroristes. Le MNLA a plus combattu les groupes islamistes armés et en a été davantage victime que l’armée malienne.

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Benjamin Roger

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