RDC : au moins deux morts lors des marches pacifiques, l’ONU réclame une enquête

Une nouvelle fois, les marches pacifiques organisées par le comité laïc de coordination contre le maintien au pouvoir de Joseph Kabila se sont achevées dans le sang. Deux personnes ont été tuées lors des manifestations de dimanche, selon un communiqué de l’ONU, qui appelle les autorités congolaises à mener une enquête sur ces nouveaux incidents.

des policiers près de la cathédrale Notre-Dame, à Kinshasa, lors de la marche organisée par le comité des laïcs, ce dimanche 25 février. © REUTERS/Goran Tomasevic

des policiers près de la cathédrale Notre-Dame, à Kinshasa, lors de la marche organisée par le comité des laïcs, ce dimanche 25 février. © REUTERS/Goran Tomasevic

Publié le 26 février 2018 Lecture : 2 minutes.

Les manifestants ont à nouveau été dispersés par des tirs à balles réelles, dimanche lors des marches de catholiques pour protester contre le maintien au pouvoir de Joseph Kabila. Selon une bilan de l’ONU, au moins deux personnes ont perdu la vie, une à Kinshasa, l’autre à Mbandaka, et ce « en dépit de consignes qui auraient été données aux forces de sécurité de faire preuve de la plus grande retenue dans la gestion des manifestations », précise le communiqué des Nations Unies.

100 arrestations

Dimanche, le médecin directeur de l’hôpital Saint-Joseph de Kinshasa avait confirmé le décès d’un jeune activiste du mouvement citoyen « Collectif 2016 », Rossy Mukendi Tshimanga, « qui a reçu une balle à la poitrine ». Un agent « a tiré sur mon frère à bout portant dans l’enceinte de la paroisse Saint-Benoît (centre). J’étais près de mon frère », a expliqué le frère du défunt entre deux sanglots. Le corps de la victime a été emporté par une équipe du Comité international de la Croix-rouge.

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Les équipes d’observation de la Monusco ont également dressé un bilan de « 47 blessés et plus de 100 arrestations sur l’ensemble du territoire », selon le communiqué de l’ONU.

Tirs à balles réelles

À Kisangani, grande ville du nord-est du pays, des centaines de fidèles qui sortaient de la messe ont commencé à marcher avant d’être dispersés par les forces de sécurité qui ont fait usage de gaz lacrymogènes et tiré à balles réelles, blessant deux personnes.

Dans plusieurs villes, les marches ont été étouffées par les forces de sécurités qui se sont déployées massivement devant toutes les églises catholiques. C’est le cas à Kikwit (sud-ouest) et à Goma (est), tandis qu’à Bukavu (est), toute tentative d’attroupement a été systématiquement dispersée à coup de gaz lacrymogènes.  À Lubumbashi, deuxième ville du pays dans le sud-est, des jeunes ont brûlé des pneus dans les rues avant d’être dispersés par la police anti-émeute.

Ces marches sont organisées à l’appel du Comité laïc de coordination (CLC), un collectif d’intellectuels proche de l’Église catholique, qui demandent Joseph Kabila de dire publiquement qu’il ne sera pas candidat aux élections prévues le 23 décembre 2018. Le CLC a reçu dimanche le soutien de 85 intellectuels francophones. Malgré une faible affluence, les manifestants se sont montrés déterminés et dans plusieurs paroisses de Kinshasa, les fidèles ont commencé à marcher avant d’être dispersés par les forces de l’ordre.

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Objectif « zéro mort »

L’accès à internet, coupé en amont de la manifestation dimanche, a été rétabli en début de soirée, après dix heures de coupure. ​Les échanges SMS et le système de messagerie WhatsApp ont également repris, alors que le réseau 3G se redéployait.

C’est le troisième épisode de répression d’une manifestation en deux mois. Les deux marches précédentes s’étaient soldées sur un bilan d’une quinzaine de morts selon l’Église, deux selon les autorités. À Kinshasa, où la marche avait été interdite la veille par le gouverneur de la capitale André Kimbuta, la police s’était donnée pour objectif de faire « zéro mort ». La consigne a, selon le colonel Pierrot-Rombaut Mwanamputu, le porte-parole de la police, « été respectée avec professionnalisme par les forces de l’ordre déployées sur le terrain ».

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La représentante de la Monusco, Leïla Zerrougui « a appelé les autorités congolaises à mener des enquêtes crédibles sur ces incidents et à prendre des mesures appropriées », selon le communiqué de l’organisation onusienne.

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