Remaniement en Afrique du Sud : Cyril Ramaphosa rappelle Nhlanhla Nene aux Finances
Cyril Ramaphosa a procédé lundi à un remaniement gouvernemental. Deux semaines après le départ de Jacob Zuma, le nouveau président sud-africain a rappelé d’anciens ministres limogés par l’ex-chef de l’État, tout en recyclant plusieurs cadres controversés de l’ancienne administration.
Les visages de ce nouveau gouvernement ne sont pas tous inconnus. Cyril Ramaphosa a procédé à un premier ménage dans les rangs du dernier gouvernement Zuma, dont il a pris la succession le 15 février. Parmi les revenants, un nom se distingue : Nhlanhla Nene s’apprête à retrouver le ministère des Finances, celui qu’il avait occupé entre 2014 et 2015 sous la présidence de Jacob Zuma, avant d’être limogé par le chef de l’État.
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Ministre respecté, son renvoi inattendu ainsi que la nomination d’un remplaçant inexpérimenté, en la personne de David van Rooyen, avait entraîné une chute de plus de 10 milliards de dollars de la bourse de Johannesburg en seulement 48 heures.
« C’est une bonne chose, cela va rassurer les agences de notation », estime Marianne Séverin, chercheur associé au Laboratoire des Afriques dans le monde de Sciences Po Bordeaux et spécialiste de l’Afrique du Sud.
Le retour des limogés
Cyril Ramaphosa, élu à la tête de l’ANC mi-décembre sur la promesse de mener la lutte contre la corruption dans les rangs du parti, a également rappelé Pravin Gordhan, lui aussi ancien ministre de Finances. Gordhan avait pris le relais de David van Rooyen quelques jours après sa nomination pour enrayer l’affolement du marché, mais avait été débarqué en mars 2017 par Jacob Zuma.
Un limogeage qui avait fait polémique, puisqu’il était intervenu quelques semaines après une plainte pour diffamation déposée à l’encontre de Pravin Gordhan par la puissante famille d’affaire indienne Gupta, proche de Jacob Zuma et accusé d’influencer la présidence.
De retour au gouvernement, l’ancien ministre hérite du portefeuille des Entreprises publiques, un poste délicat au regard du niveau d’endettement de ces sociétés, à l’image de South African Airways ou encore Eskom, devenu symbole de la « capture de l’État » reprochée Jacob Zuma.
Les cadres l’ANC hérite également de postes clés. David Mabuza, numéro 2 du parti au pouvoir, a pris le poste de vice-président de la République sud-africaine. Du côté du secteur minier, le très impopulaire Joseph Zwane a été évincé, remplacé au ministère des Mines par le numéro 3 du parti, Gwede Mantashe.
Des piliers de l’administration Zuma maintenus
Cyril Ramaphosa n’a pas pour autant fait table rase du passé. Comme il l’a expliqué lors de son annonce, le nouveau président a souhaité créer un équilibre entre « la continuité et la stabilité, et la nécessité de renouveau et de reprise économique ».
« C’est une rupture en transition. Il ne faut pas oublier que Cyril Ramaphosa a gagné le parti d’une courte tête. Il faut désormais concilier les choses dans un intérêt stratégique à un an des élections », explique Marianne Séverin.
Ainsi, certains cadres de l’administration Zuma ont été recyclés dans ce nouveau gouvernement. Malusi Gigaba, débarqué du ministère des Finances est donc repositionné aux Affaires intérieures. Remplacée aux Affaires étrangères par Lindiwe Sisulu, Maïté Nkoana-Mashabane récupère la ministère du Développement rural et de la réforme agraire.
Lorsque les Guptas se sont vu accorder la citoyenneté. C’est Malusi Gigaba qui a donné l’instruction
Bathabile Dlamini, fortement critiquée comme ministre du Développement social, devient ministre auprès de la présidence en charge des Femmes. Elle dirigeait déjà la ligue des femmes de l’ANC. « Il faut aussi se souvenir qu’elle est originaire du Kwazulu Natal, et il est impératif pour l’ANC de conserver une influence dans cette province », commente Marianne Séverin.
Enfin, Cyril Ramaphosa a choisi d’installer Nkosazana Dlamini-Zuma, ex-femme de l’ancien président et adversaire pour la présidence du parti en décembre dernier, au poste de ministre auprès de la présidence déléguée à la Planification, .
Du côté de l’opposition, et notamment de l’Alliance démocratique (DA), le maintien de certains cadres de l’administration Zuma fait grincer des dents, et en particulier la re-nomination de Malusi Gigaba, désormais ministres aux Affaires intérieure, qualifiée de « parodie » par le parti de Mmusi Maimane.
« Rappelez-vous, lorsque les Guptas se sont vu accorder la citoyenneté de manière controversée, en violation présumée de nos lois d’immigration ? C’est Malusi Gigaba [désormais ministre aux Affaires intérieures, NDLR] qui a donné l’instruction », dénonce DA sur Twitter.
Remember when the Guptas were controversially granted citizenship, in an alleged violation of our immigration laws?
— Democratic Alliance (@Our_DA) February 27, 2018
It was Malusi Gigaba that gave the instruction.
Pour Cyril Ramaphosa, ce remaniement est une première étape stratégique pour redorer l’image du parti tout en essayant de concilier les différentes forces au sein de l’ANC, à un peu plus d’un an des prochaines élections prévues pour 2019.
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