L’œil de Glez : Obiang et le dessinateur satiriste
À Malabo s’est ouvert, ce mardi, le procès du dessinateur de presse Ramón Nse Ebale. Le chef d’inculpation de blanchiment d’argent, qui a finalement été abandonné dès la première audience, paraissait bien fallacieux…
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 27 février 2018 Lecture : 2 minutes.
Teodoro Obiang Nguema Mbasogo deviendrait-il susceptible avec l’âge ? Est-ce parce qu’il se sent nerveux d’être désormais le doyen des chefs d’État africains, sa quarantième année de pouvoir débutant en août prochain ? Ou parce que l’Union européenne a déclaré, début février, s’inquiéter de la détérioration de la situation des droits de l’Homme dans le pays, après que Malabo a annoncé avoir déjoué une tentative de coup d’État fin décembre 2017 ? Toujours est-il que le régime du président de la Guinée équatoriale se sent assez fébrile pour s’en prendre à celui qui ne devrait représenter que le bouffon du roi : un dessinateur de presse.
C’est en effet ce mardi 27 février que s’est ouvert le procès express du dessinateur Ramón Nse Ebale plus connu sous le pseudonyme Jamon y Queso. Au final, toutes les charges de blanchiment d’argent ont été abandonnées dès la première audience. En 2014, le dessinateur publiait la bande dessinée satirique Le cauchemar d’Obi, subtile uchronie où l’auteur imaginait quelle aurait été la vie du président s’il n’avait pas été… président.
Cinq mois de prison
Le personnage Obiang Nguema Mbasogo était alors engoncé dans la vie d’un citoyen lambda, asphyxié par la corruption, le manque de liberté d’expression, l’accès aux soins ou à une éducation de qualité. Conscient qu’il dérangeait, le « cartoonist » s’était installé à l’étranger. Lors d’un retour censément temporaire au pays natal, en septembre 2017 pour une procédure de renouvellement de passeport, Ramón était arrêté à Malabo et placé en détention dans la tristement célèbre prison de Playa Negra.
Depuis cinq mois, des organisations généralistes de défense de la liberté d’expression comme Reporters sans Frontières, des associations spécialisées comme Cartooning for Peace (dont l’auteur de ces lignes est membre du Conseil d’administration) et des groupes de soutien se sont mobilisées, notamment sur les réseaux sociaux, à travers une pétition et les hashtags #FreeNseRamon et #Justice4Ramon, pour obtenir sa libération. Avec succès, visiblement…
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