Scandales et coups tordus en Colombie

À l’approche de la présidentielle, les affaires embarrassantes pour la majorité comme pour l’opposition se multiplient. En toile de fond : la poursuite des négociations de paix avec la guérilla des Farc.

Le président colombien Juan Manuel Santos le 2 novembre 2012 à Bogota. © Luis Acosta/AFP

Le président colombien Juan Manuel Santos le 2 novembre 2012 à Bogota. © Luis Acosta/AFP

Publié le 22 mai 2014 Lecture : 2 minutes.

Jamais Juan Manuel Santos n’aurait imaginé qu’en engageant des négociations de paix avec la guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) il allait susciter une telle levée de boucliers. Remontés comme des pendules contre les pourparlers engagés à La Havane en octobre 2012, ses opposants promettent d’y mettre un terme si d’aventure ils remportent l’élection présidentielle du 25 mai.

Une campagne basée sur la dénonciation de la "trahison" de Santos

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Leur candidat se nomme Óscar Iván Zuluaga. C’est le dernier ministre de l’Économie de l’ancien président Álvaro Uribe (2002-2010). Toute sa campagne est fondée sur la dénonciation de la "trahison" de Santos. Alors quand, le 5 mai, un scandale a éclaboussé le parti de centre droit au pouvoir, il n’a pas laissé passer l’occasion. Conseiller en communication de l’actuel chef de l’État, Juan José Rendón a en effet été contraint de démissionner après la révélation de ses liens avec des narcotrafiquants. En 2011, il aurait touché 12 millions de dollars pour s’opposer à l’extradition de l’un d’eux vers les États-Unis. Également visé par plusieurs accusations d’agression sexuelle, qu’il rejette en bloc, Rendón a carrément pris la fuite pour se réfugier au Venezuela, le grand rival régional de la Colombie, dont il est originaire. Et comme si ça ne suffisait pas, Uribe lui reproche à présent publiquement, mais sans preuves, d’avoir illégalement contribué au financement de la campagne de Santos en 2010.

Quelques jours plus tard, l’opposition s’est à son tour retrouvée dans le collimateur de la justice. Une officine dirigée par l’un des soutiens de la campagne de Zuluaga a en effet été démantelée : elle espionnait les courriels présidentiels ! Au début de l’année déjà, la presse avait révélé l’existence d’un centre de l’armée qui écoutait illégalement les négociateurs de La Havane. Deux chefs du renseignement militaire avaient été relevés de leurs fonctions. Alors, un scandale à droite, un scandale à gauche, match nul ? Pas tout à fait. "Les accusations ne sont pas comparables, estime le magazine Semana. Le financement illégal n’est pas établi ; l’espionnage, si."

"Saboter le processus de paix grâce à des interceptions illégales"

À deux semaines du scrutin, Santos fustige sans ménagement ceux qui tentent de "saboter le processus de paix grâce à des interceptions illégales" et de "déstabiliser les institutions du pays". Les négociations en cours n’ont d’autre but que d’inciter les Farc à déposer les armes et à se transformer en parti politique. Depuis 1964, la guérilla multiplie les enlèvements contre rançon afin de se financer. Elle a été accusée d’entretenir des liens avec les narcotrafiquants. "Beaucoup de gens me disent : "Si vous n’êtes pas réélu, les chances de la paix vont s’envoler"", plaide le sortant. Verdict le 25 mai.

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