Présidentielle au Sénégal : le ministre de l’Intérieur déclenche la polémique

L’opposition sénégalaise réclame la démission du ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye, qui a déclaré sur une chaîne de télévision avoir « le souhait que le président Macky Sall gagne au premier tour » en 2019.

Le ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye, à Genève en 2014. © UNIDO, via Flickr, Creative Commons

Le ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye, à Genève en 2014. © UNIDO, via Flickr, Creative Commons

Publié le 28 février 2018 Lecture : 2 minutes.

Aly Ngouille Ndiaye est-il en mission pour faire réélire Macky Sall en 2019 ? Invité le week-end dernier dans l’émission « Cartes sur table » de la chaîne 2STV, le ministre de l’Intérieur a déclenché une vive polémique au Sénégal en déclarant avoir « le souhait que le président Macky Sall gagne au premier tour ».

« Je vais tout faire pour que ceux qui ne sont pas encore inscrits puissent l’être afin de soutenir le président Macky Sall. Ceux qui sont déjà inscrits, je vais tout faire pour qu’ils récupèrent leur carte. Ceux qui veulent voter, je vais les aider à aller voter », a-t-il poursuivi.

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Appel à la démission

Accusation de « forfaiture », appel à la démission… C’est peu dire que la sortie du ministre a fait réagir l’opposition sénégalaise. « Il vient de démontrer aux yeux de tous qu’il ne peut organiser des élections sincères et démocratiques, vu son aveu de travailler pour le candidat Macky Sall », assène dans un communiqué publié le 26 février le Parti démocratique sénégalais, la formation de l’ancien président Abdoulaye Wade.    

De son côté, l’Initiative pour des élections démocratiques (IED), qui rassemble vingt partis et organisations de l’opposition – dont le PDS, Bokk Gis Gis, et Pastef – a appelé à un rassemblement vendredi prochain devant le ministère de l’Intérieur, afin d’empêcher Aly Ngouille Ndiaye d’organiser les élections et de faire en sorte « qu’une autorité indépendante s’en occupe ». 

Le 9 février, environ un millier de personnes s’étaient déjà rassemblés à l’appel de l’IED afin de réclamer « plus de transparence » dans le processus électoral.

Sujet brûlant

L’organisation des élections est devenue un sujet brûlant au Sénégal. La faute à l’invraisemblable micmac lors des législatives de l’été dernier autour de la distribution des nouvelles cartes électorales. En raison de l’impréparation du ministère et de projection faussées dès le départ, près d’un tiers des cartes n’avait pas pu être distribué à temps, obligeant le président Macky Sall à saisir le Conseil constitutionnel afin d’autoriser les Sénégalais à voter avec d’autres documents.

Cela ne concerne pas le processus électoral en lui-même, qui n’a toujours pas débuté

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Sous le feu des critiques de l’opposition, qui pointait le risque de fraude électorale, le ministre de l’Intérieur de l’époque, Abdoulaye Daouda Diallo, avait été remplacé en septembre dernier par l’ancien ministre des Mines Aly Ngouille Ndiaye. Une nomination peu appréciée par l’opposition, qui réclamait une personnalité « apolitique » à ce poste – Aly Ngouille Ndiaye est l’ancien responsable du Mouvement pour la renaissance du Djolof (MRD), qui a fusionné avec l’Alliance pour la République, la formation au pouvoir dans le pays.

Au Sénégal, une Commission autonome (Commission électorale nationale autonome, Cena) est chargée de superviser et de contrôler le processus électoral – dont la réalisation incombe au ministère de l’Intérieur. Contacté par Jeune Afrique, le président de cette instance, Doudou Ndir, s’est refusé à tout commentaire sur la polémique, précisant seulement qu’il s’agit de « propos tenus par un responsable politique ». « Cela ne concerne pas le processus électoral en lui-même, qui n’a toujours pas débuté », a-t-il déclaré.

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