L’œil de Glez : Laetitia Avia et le courrier raciste
Menacée de mort dans un courrier violemment raciste, la députée de Paris Laetitia Avia a déposé plainte mercredi.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 1 mars 2018 Lecture : 2 minutes.
Le niveau littéraire des racistes français n’évolue guère, même quand ceux-ci s’appliquent. Car il s’est manifestement appliqué, l’auteur de la lettre d’injures racistes reçue, ce mercredi 28 février, par la députée française Laetitia Avia. Il a corrigé toutes les fautes d’orthographe et dactylographié le tout avec soin, respectant approximativement mais scolairement les alinéas. Le vocabulaire, lui, manque sérieusement d’imagination, comme le montre le tweet ci-dessous de l’élue.
Par ailleurs, si l’auteur de l’infâme lettre avait une once d’intelligence, ou d’honnêteté, il n’aurait pas écrit que l’élue de La République en marche est « venue d’Afrique », puisqu’elle est née à Livry-Gargan – certes de parents togolais, mais bien née en France et donc automatiquement française selon le droit de la République. Bon il est vrai que cela n’aurait rien de toute façon rien changé au fond de cette sinistre affaire de racisme pas si ordinaire que ça.
https://twitter.com/LaetitiaAvia/status/968785401434509317
De fait, pourquoi la députée de Paris a-t-elle, dès réception, relayé sur Twitter des injures dont la violence est, hélas, trop souvent expérimentée par un Kofi Yamgnane, pour ne citer que lui ? « Parce qu’on ne doit pas s’y habituer », a réagi l’intéressée sur le plateau de l’émission « C dans l’air », sur France 5. Aussi parce que le niveau de « sophistication » de la missive dépasse la spontanéité des tombereaux vomitifs dégoulinant régulièrement des réseaux sociaux. Et ensuite parce qu’un tel brûlot, aussi indigent soit-il, semble un parfait répulsif et un excellent outil de conscientisation (enfin on l’espère), à quelques jours du congrès de la refondation du Front national, formation politique qui a prévu de se draper dans la virginité d’un nouveau nom et d’un refoulement de Jean-Marie le Pen.
Enfin – et ce point justifie non seulement la médiatisation, mais aussi le dépôt d’une plainte effective dans un commissariat de police de Paris – parce que la lettre contient des menaces de mort à peine voilées : « compte tes jours, on va s’occuper de toi ». Ce que l’on espère cependant, c’est que la justice s’occupe de l’immonde énergumène avant qu’il n’ait eu le courage de lever le petit doigt.
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