Lakhdar Brahimi : la Syrie, c’est fini…

Après plus de vingt mois d’efforts pour la paix en Syrie, le représentant des Nations unies Lakhdar Brahimi a jeté l’éponge. Mais ne prend pas sa retraite pour autant.

Lakhdar Brahimi avait pris ses fonctions le 17 août 2012. © Vincent Fournier pour J.A.

Lakhdar Brahimi avait pris ses fonctions le 17 août 2012. © Vincent Fournier pour J.A.

Publié le 19 mai 2014 Lecture : 2 minutes.

Mis à jour le 22/05 à 17h50.

Son lointain successeur à la tête de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, nous confiait il y a quelques semaines que Lakhdar Brahimi, 80 ans, "n’était pas homme à renoncer".

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Et pourtant, excédé par les atermoiements des protagonistes de la crise syrienne, il a fini par jeter l’éponge. Reçu le 13 mai par Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU, dans son bureau de la Maison de verre à New York, le médiateur des Nations unies et de la Ligue arabe en Syrie a présenté sa démission, plus de vingt mois après avoir succédé à un autre démissionnaire célèbre, le Prix Nobel de la paix Kofi Annan.

Diplomate au long cours, médiateur international dans les crises les plus complexes, membre du panel des Elders – ces sages de la communauté internationale tels que Jimmy Carter ou Desmond Tutu qui veillent sur la paix de la planète -, Lakhdar Brahimi n’a pas caché sa tristesse de quitter son poste et la Syrie "dans une si mauvaise situation". L’Histoire ne retiendra sans doute pas sa performance de janvier 2014 : avoir réuni les belligérants, des représentants du régime de Bachar al-Assad et de l’opposition, pour des pourparlers directs à Genève.

Manque de réactivité de la communauté internationale

L’échec de ces négociations n’avait pas affaibli la ténacité de Lakhdar Brahimi. L’entêtement de Bachar al-Assad en revanche, décidé à organiser envers et contre tout une élection présidentielle le 3 juin pour briguer un troisième mandat, est arrivé à bout de sa patience. À quoi bon continuer quand on est convaincu que la réélection du président controversé sonnera le glas des efforts de paix et dissuadera l’opposition de revenir à la table des négociations…

Sans surprise, Damas n’a pas caché sa satisfaction en voyant s’éloigner du dossier syrien Lakhdar Brahimi.

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Sans surprise, Damas n’a pas caché sa satisfaction en voyant s’éloigner du dossier syrien Lakhdar Brahimi, "cet agent de l’Arabie saoudite qui a montré son parti pris en faveur de l’opposition", écrit le quotidien damascène El Watan. Quant à Sana, l’agence officielle syrienne, elle accuse le médiateur de s’être mêlé des affaires intérieures du pays en s’opposant à l’agenda électoral du chef de l’État. Une réaction qui tranche avec celle de l’opposition, dont le représentant à l’ONU, Najib Ghadban, assure "partager les frustrations de Lakhdar Brahimi" tout en déplorant le manque de réactivité de la communauté internationale.

Kamel Morjane, successeur de Lakhdar Brahimi ?

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Que va faire l’hyperactif Lakhdar Brahimi, lui qui est au chevet de la paix dans le monde depuis plus de vingt ans (Liban, Irak, Grands Lacs ou Afghanistan) ? Il est peu probable qu’il envisage une retraite méritée dans l’immédiat. Sa démission devenant effective à partir du 31 mai, il pourrait rester aux États-Unis jusqu’à cette échéance puis revenir à ses activités académiques. Il devrait ainsi retrouver très vite sa chaire à Sciences-Po Paris au sein du département des affaires internationales. À moins qu’il ne prolonge son séjour aux États-Unis. À la veille de sa nomination comme médiateur en Syrie, le 17 août 2012, Lakhdar Brahimi devait en effet rejoindre la prestigieuse université Harvard pour y enseigner.

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