Mali : retour sur un week-end sanglant à Kidal

En visite samedi dernier à Kidal, le Premier ministre Moussa Mara et sa délégation se sont retrouvés au coeur d’affrontements sanglants entre soldats maliens et groupes armés. Retour sur une journée meurtrière qui compromet sérieusement le dialogue entre le gouvernement et les rebelles touaregs.

Le Premier ministre Moussa Mara à Kidal, samedi 17 mai 2014. © AFP

Le Premier ministre Moussa Mara à Kidal, samedi 17 mai 2014. © AFP

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Publié le 19 mai 2014 Lecture : 3 minutes.

Il est environ 13h, ce samedi 17 mai, lorsque l’hélicoptère des Nations unies transportant Moussa Mara et sa délégation se pose directement dans le camp de la Minusma (force de l’ONU au Mali) à Kidal, sans passer par l’aéroport. Le Premier ministre est à peine arrivé que la tension est déjà palpable. Déterminés à mener à bien cette visite pour effacer l’échec du précédent chef de gouvernement, Oumar Tatam Ly, obligé de rebrousser chemin fin novembre 2013, les responsables maliens présentent leur programme à leur interlocuteurs onusiens. Visite du camp de l’armée malienne, discours devant les fonctionnaires du gouvernorat, puis retour à la base de la Minusma pour reprendre l’hélicoptère. Craignant des risques de débordement, les Casques bleus tentent d’"alléger" cette feuille de route, sans succès.

Moussa Mara, accompagnés de plusieurs ministres, dont Mohamed Ali Bathily (Justice) ou encore Zahabi Ould Sidi Mohamed (Réconcilitation nationale), se rend donc d’abord au camp des Forces armées maliennes (Fama), à la sortie nord-ouest de la ville. Il y passe les troupes en revue et s’entretient avec les commandants de cette garnison de 400 hommes. Au loin, de premiers échanges de tirs se font entendre autour du gouvernorat. "Le Premier ministre n’a pas hésité et a déclaré aux membres de sa délégation : ‘On y va, avec ou sans la protection de Serval ou de la Minusma’", raconte Fabien Offner, journaliste indépendant présent dans la cohorte ministérielle à Kidal.

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La nuit sur des lits de camp

Escorté par les militaires maliens, le convoi ministériel se dirige alors vers le gouvernorat. Il y entre vers 16h, sous les sifflements et les impacts des balles. Au fil des minutes, la situation s’envenime. Des hommes armés, emmenés par des combattants du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), tentent de prendre le bâtiment. Dans le ciel, un hélicoptère et des avions français font des rondes sans intervenir.

Sous pression, la délégation ministérielle est finalement évacuée. Elle retourne vers le camp de la Minusma pour prendre l’hélicoptère. Mais une tempête de sable rend impossible tout décollage. Le Premier ministre décide donc de passer la nuit au camp de l’armée malienne, qu’il regagne escorté par les Fama. Entre-temps, vers 18h, Bamako demande officiellement à la force Serval de participer à la sécurisation de la délégation ministérielle. Un détachement français arrive une heure plus tard sur la base, déjà solidement gardée par les militaires maliens. Moussa Mara et ses ministres y passent la nuit dans des conditions spartiates, dormant sur des lits de camp, avant de pouvoir finalement décoller le lendemain matin. 

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Fonctionnaires retenus en otages

De leur côté, les groupes armés ont profité du vide laissé par les soldats partis protéger la délégation ministérielle pour prendre le gouvernorat. Selon le ministre malien de la Défense, le bilan des combats est très lourd : 36 morts, dont 8 militaires. S’y ajoutent huit civils – dont deux préfets et quatre sous-préfets – assassinés dans des conditions qui restent à déterminer. "Ils ont été tués d’une balle dans le coeur", indique une source ministérielle, ajoutant que leurs corps ont pu être récupérés.

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Depuis samedi, les assaillants, parmi lesquels les autorités suspectent la présence d’éléments jihadistes, retiennent également une trentaine de fonctionnaires en otages dans le gouvernorat. Dans un communiqué publié lundi 17 mai, le MNLA évoque lui des "prisonniers de guerre arretés suite aux combats et traités conformément au droit humanitaire". Ces civils étaient toujours en captivité lundi en fin d’après-midi.

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Benjamin Roger

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