RDC : au moins 49 morts en Ituri, des miliers de déplacés

Les violences communautaires se poursuivent en Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo, où au moins 49 personnes ont été tuées dans la nuit de jeudi à vendredi.

Dans ville de Bunia en 2016. © Jerome Delay/AP/SIPA

Dans ville de Bunia en 2016. © Jerome Delay/AP/SIPA

Publié le 2 mars 2018 Lecture : 3 minutes.

Avant ce dernier massacre, l’Unicef avait documenté 76 cas de personnes tuées à l’arme blanche depuis décembre en Ituri.

« On a compté 49 corps et l’on en recherche encore d’autres », a déclaré vendredi à l’AFP l’abbé Alfred Ndrabu Buju, directeur de l’ONG catholique Caritas à Bunia, chef-lieu de la province de l’Ituri.

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Un peu plus tôt, le ministre de l’Intérieur Henri Mova avait fait état à l’AFP d’un bilan de 33 morts.

Une première attaque repoussée par les forces régulières

Les dernières attaques se sont déroulées à Maze un village du territoire de Djugu, situé à environ 80 km au nord de Bunia, capitale de la province de l’Ituri.

Le gouverneur de la province, ainsi que le chef de bureau à Bunia de la Mission de l’ONU en RDC (Monusco) s’est rendu à Djugu, a indiqué à l’AFP la porte-parole de la mission, Florence Marchal.

Selon des sources concordantes, l’attaque s’est déroulée en deux temps. La première a eu lieu jeudi en début d’après-midi et elle a été repoussée par les forces régulières. Selon l’abbé Alfred Ndrabu, un des chefs spirituels de la communauté Lendu a été tué à cette occasion.

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Un grand nombre d’assaillants sont arrivés deux heures et demi plus tard, lançant des attaques simultanées dans les villages de Maze et Mbunja.

Un coordinateur de la société civile, Banza Charité, s’est étonné qu’un tel massacre ait pu avoir lieu alors qu’un important déploiement de l’armée congolaise est observée dans la zone depuis quelques jours.

Les assaillants ont investi le village et se sont livrés à un véritable carnage

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Selon plusieurs témoignages recueillis par l’AFP, les assaillants, présentés comme des éleveurs Lendu, se sont attaqués à des agriculteurs Hema.

« Les assaillants ont investi le village et se sont livrés à un véritable carnage », a déclaré à l’AFP Banza Charité, un responsable de la société civile locale. Plusieurs maisons auraient été incendiées.

Selon l’abbé Alfred Ndrabu, « un enfant victime de l’attaque a été reçu ce matin à l’hôpital général de Drodro avec une flèche dans la tête ».

Le différend foncier qui oppose Hema et Lendu en Ituri est l’un des nombreux conflits qui ensanglante l’est de la RDC.

En 1999, il avait dégénéré en massacres entre les deux communautés, qui disposaient alors chacune d’une branche armée. Les combats avaient fait plus de 60.000 morts et 600.000 déplacés, selon Human Rights Watch, entraînant en 2003, l’intervention de la force européenne Artemis, qui avait mis fin aux attaques.

Les violences ont repris fin 2017

Les violences ont repris fin 2017. D’après l’Unicef, 76 personnes ont été tuées à l’arme blanche depuis décembre, plus de 70 villages ont été incendiés.

Quelques 200.000 personnes ont fui les affrontements, selon des sources humanitaires, dans un pays qui compte déjà plus de quatre millions de déplacés.

Plus de 28.000 Congolais, en majorité des femmes et des enfants, ont ainsi traversé le lac Albert pour se réfugier en Ouganda où leur situation est précaire : 26 d’entre eux sont morts de diarrhée aiguë courant février.

« Certaines milices empêchent les réfugiés de traverser le lac et il y a encore beaucoup de gens déplacés dans les villages » situés du côté congolais, selon Joyce Munyonyo-Mbithi, du Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) en Ouganda.

Les violences en Ituri s’inscrivent dans une série de sanglants conflits locaux en RDC, sur fond de crise politique en raison du maintien au pouvoir du président Joseph Kabila, dont le second mandat a pris fin le 20 décembre 2016.

La République démocratique du Congo est l’une des principales priorités humanitaires des Nations unies, avec le Yémen et la Syrie. Une conférence des pays donateurs se tiendra le 13 avril à Genève avec l’objectif de lever 1,37 milliard d’euros, afin de faire face aux multiples crises humanitaires en RDC.

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