Attaques au Burkina : le Premier ministre décrit des « scènes apocalyptiques »
Le Premier ministre burkinabè, Paul Kaba Thiéba a décrit samedi des « scènes apocalyptiques », au lendemain de la double attaque menée contre l’état-major des forces armées du Burkina Faso et l’ambassade de France à Ouagadougou qui ont fait 8 morts parmi les militaires.
« Ce que j’ai vu ici, c’était vraiment des scènes apocalyptiques et je voudrai dans un premier temps m’incliner devant la mémoire de nos braves soldats tombés (…) les armes à la main » a déclaré M. Thiéba après une visite au siège de l’état-major visé par une attaque à la voiture piégée.
Le Premier ministre burkinabè a « condamné avec la dernière rigueur cet attentat terroriste, lâche, qui s’attaque à notre pays, encore une fois et qui sème la mort, la désolation inutilement ».
Huit membres des forces de l’ordre burkinabè ont été tués et 12 blessés sont en état d’urgence absolue, selon le bilan officiel et de source française. Aucun ressortissant français n’a été tué ou blessé.
Dans un premier temps, des sources sécuritaires françaises avaient avancé vendredi un bilan d’au moins 28 morts.
Huit assaillants ont été tués au cours des attaques.
« Il s’agit d’une attaque terroriste, liée à un courant ou un autre (…) des mouvements terroristes dans le Sahel », « ou à d’autres acteurs qui sont pour une déstabilisation ou une situation de blocage de notre avancée démocratique », a déclaré samedi matin Remis Fulgance Dandjinou, porte-parole du gouvernement burkinabè.
Selon un correspondant de l’AFP, des commerces ont rouvert dans la capitale. Des militaires sont présents autour des lieux des attaques mais on ne note pas de déploiement particulier de forces de sécurité ailleurs en ville, Des badauds se sont rassemblés près de l’état-major, tenus à bonne distance par des soldats.
Deux interpellations
Deux personnes ont été interpellées près de l’état-major, a indiqué à l’AFP une source sécuritaire sans plus de précisions.
Vendredi soir, le ministre de la Sécurité, Clément Sawadogo, avait déclaré que l’attentat visait « peut-être » une réunion militaire de la force multinationale antijihadiste du G5-Sahel (Mali, Burkina, Niger, Tchad et Mauritanie), qui devait se tenir dans une salle été dévastée par l’explosion d’une voiture piégée.
Cette réunion entre le chef d’état-major et des officiers a été changée de salle au dernier moment, évitant un carnage.
Le bilan officiel de la double attaque est de huit morts parmi les forces de l’ordre : « deux gendarmes devant l’ambassade de France et six militaires au niveau de l’état-major ».
Les huit assaillants « ont été tous abattus » : « quatre à l’ambassade de France, en dehors des locaux » et quatre à l’état-major, selon une source sécuritaire burkinabè.
Cette attaque a visé des cibles dures, des symboles forts
Le Burkina Faso est depuis 2015 la cible d’attaques jihadistes, qui ont déjà frappé sa capitale, sans jamais toutefois atteindre un tel niveau d’organisation avec deux groupes d’hommes armés opérant simultanément dans deux endroits du centre-ville de Ouagadougou et utilisant un véhicule piégé avant de lancer l’assaut à l’état-major.
Les attaques ont commencé vers 10H (locales et GMT) vendredi, et se sont terminées entre 14H et 15H.
« Le mode opératoire des attaques évolue crescendo. Après des cibles molles, comme des hôtels et restaurants, cette attaque a visé des cibles dures, des symboles forts », a jugé un consultant burkinabè en sécurité, Paul Koalaga, qui évoque aussi « un problème au niveau du renseignement ».
Selon un témoin, les assaillants qui ont attaqué l’ambassade étaient armés de Kalashnikov et « habillés en civil, même pas cagoulés ».
A l’inverse, le commando qui a attaqué l’état-major portait l’uniforme de l’armée de terre bukinabè, selon une source sécuritaire.
Le parquet de Ouagadougou a lancé un appel à témoins « pour aider à la recherche et l’identification des complices, des hôtes et de tous facilitateurs éventuels des faits ».
C’est la troisième fois en deux ans que la capitale du Burkina est la cible d’attaques. 19 personnes avaient été tuées dans un café le 13 août 2017, dans un attentat non revendiqué. Et le 15 janvier 2016, 30 personnes, dont six Canadiens et cinq Européens, avaient été tuées lors d’une attaque revendiquée par le groupe jihadiste Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Selon un rapport de l’ONU publié vendredi, la montée en puissance de la force du G5-Sahel va de pair avec des « menaces terroristes croissantes de l’Etat islamique dans le Grand Sahara (ISGS) et de Ansar al-Islam », notamment aux confins des Burkina Faso, Mali et Niger.
Stabiliser la région
Cette zone est au cœur de l’action de la force du G5-Sahel. Le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé à un « effort urgent et concerté » de la communauté internationale pour aider à stabiliser la région, y compris à travers « la pleine opérationnalisation » de la force du G5-Sahel.
Le président français Emmanuel Macron a réaffirmé « la détermination (…) de la France, aux côtés de ses partenaires du G5-Sahel, dans la lutte contre les mouvements terroristes ».
Le président du Niger et président en exercice de cette force, Mahamadou Issoufou, lui a fait écho en assurant que les attaques « ne feront que renforcer la détermination du G5-Sahel et de ses alliés dans la lutte contre le terrorisme ».
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