Côte d’Ivoire : naissance d’un syndicat pour défendre les femmes

« Nous allons nous battre ! » : pour la première fois en Côte d’Ivoire, des « femmes travailleuses » issues de l’administration, du milieu agricole et du secteur informel ont créé leur syndicat, pour que leurs préoccupations soient véritablement prises en compte.

La présidente du nouveau syndicat de femmes de Côte d’Ivoire, Mariatou Guiehoa, pose dans son bureau d’Abidjan le 22 février 2018. © AFP / ISSOUF SANOGO

La présidente du nouveau syndicat de femmes de Côte d’Ivoire, Mariatou Guiehoa, pose dans son bureau d’Abidjan le 22 février 2018. © AFP / ISSOUF SANOGO

Publié le 4 mars 2018 Lecture : 2 minutes.

Le Réseau des femmes syndicalistes de Côte d’Ivoire (REFSY-CI) est né « pour porter haut nos préoccupations auprès des pouvoirs publics », a expliqué à l’AFP sa présidente Mariatou Guiehoa, estimant qu’elles sont jusque-là « reléguées au second plan ».

Mme Guiehoa, 65 ans dont 30 de militantisme, estime que depuis l’indépendance du pays en 1960, seuls « des strapontins » ont été accordés aux femmes dans les mouvements syndicaux. Aucune femme n’a jamais été à la tête d’un syndicat.

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Le nouveau syndicat revendique 4.000 adhérentes

Le nouveau syndicat revendique 4.000 adhérentes, des femmes enseignantes, sociologues, vendeuses sur les marchés, pompistes, transporteuses… qui ambitionnent de devenir les « interlocutrices importantes dans le milieu syndical en Côte d’Ivoire », dominé par des hommes qui décident à leur place.

Transfuges des cinq centrales syndicales ivoiriennes, les cadres du REFSY-CI ont décidé de constituer un « syndicat libre et indépendant pour les femmes », avec pour devise : « Amour-Solidarité-Justice ».

L’arrivée de ce nouveau syndicat a été saluée par la ministre ivoirienne de la Femme, Mariatou Koné, qui y a vu « une avancée dans la politique de promotion de la femme » et « un puissant instrument de négociation sociale qui favorisera le dialogue constructif, à l’exclusion de la violence ».

Mais les syndicats établis voient cette nouvelle concurrence d’un autre œil, mettant en garde contre le danger du « sectarisme » qui pourrait réduire à néant les ambitions du REFSY-CI.

Mériter sa place dans le milieu syndical

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« Nous reconnaissons qu’il y a des obstacles à lever, comme le sexisme, le machisme et la phallocratie qui sont des réalités dans le mouvement. Mais cela ne devrait pas amener les femmes à se sectoriser », juge Théodore Gnagna Zadi, président de la Plateforme nationale, qui regroupe une cinquantaine de syndicats de fonctionnaires, à l’origine d’une grève d’un mois qui secoué le pays en 2017.

« Le mouvement syndical n’est pas un mouvement de complaisance où l’on donnerait des places à des femmes parce qu’elles sont femmes. Elles doivent le mériter », ajoute M. Zadi.

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Un défi que les membres du REFSY-CI assurent être prêtes à relever : « Nous ne sommes pas là pour dire que nous voulons prendre la place des hommes. Le REFSY-CI veut mériter sa place dans le milieu syndical », assure le programme du nouveau mouvement.

Avec comme priorité la formation de ses adhérents au militantisme féminin, avec l’aide de la fondation allemande Friedrich Herbert-Stiftung. Et le souci de « concilier le mouvement syndical et la vie de foyer, deux choses différentes ».

Lutte pour la couverture maladie universelle

Le REFSY-CI, qui a constaté avec surprise que la quasi-totalité de ses adhérentes ne disposaient pas de couverture maladie universelle, entend aussi se lancer dans cette lutte.

« Les artisanes, les femmes rurales vivent au jour le jour. Si pour des raisons de maladie, elles n’ont pu bénéficier de soins, elles ne peuvent générer des ressources », déplore Salimata Porquet, présidente de la Plateforme d’éveil électoral des femmes et des jeunes, une ONG panafricaine et marraine du réseau.

Le syndicat entend ainsi trouver une couverture maladie aux femmes des secteurs informels, ces « travailleuses sans salaire » qui sont devenues de véritables « chefs de famille ».

« Nous voulons faire comprendre à la jeune génération que faire du syndicalisme, ce n’est pas fabriquer des révoltées, mais prendre en compte les préoccupations des femmes », souligne Mme Porquet.

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