Burkina : retour sur les « fake news » qui ont circulé pendant les attaques de Ouagadougou
De nombreuses informations, pas toujours vérifiées, voire carrément fausses, ont circulé sur les réseaux sociaux et dans les médias pendant la double attaque du vendredi 2 mars à Ouagadougou. Décryptage.
La capitale burkinabè a été touchée vendredi 2 mars par une double attaque simultanée contre l’état-major général des armées et l’ambassade de France. Ces attentats revendiqués par la coalition terroriste Nusrat al-Islam Wal Muslimin (« Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans »), dirigée par le Malien Iyad Ag Ghali, ont choqué l’opinion publique au niveau mondial. Mais au cours des heures qui ont suivi les attentats, de nombreuses informations, parfois fausses, ont été relayées par des médias internationaux et sur les réseaux sociaux.
La vidéo de l’assaut de l’état-major : FAUX
Cette vidéo de 16 secondes a été présentée par plusieurs médias et partagée sur Facebook et Whatsapp comme étant des images de militaires burkinabè lors de l’assaut de l’état-major. On y voit entre autres un pick-up équipé d’une mitrailleuse rouler à vive allure, puis tirer en direction d’un bâtiment, tandis que des passants vaquent à leurs occupations en toute quiétude. Sauf qu’un coup d’œil suffit pour se rendre compte qu’aucun des bâtiments n’est semblable ni à l’état-major, ni à ceux des alentours. De plus, une source sécuritaire contactée par JA précise que le véhicule utilisé n’est ni du même modèle ni de la même couleur que ceux de l’armée burkinabè.
Nombre de victimes porté à 28 morts : FAUX
Vendredi, plusieurs médias français dont France 24 faisaient état de 28 morts, reprenant un bilan délivré par une source sécuritaire française citée par l’AFP.
Lors d’une conférence de presse dans la même journée, le ministre de la Sécurité Clément Sawadogo, dressait, lui, un bilan provisoire de 8 soldats morts sur les deux sites ciblés et « 80 blessés dont 12 graves ».
À ce jour, le bilan officiel est de 8 morts côté militaires, dont six à l’état-major, un à l’ambassade, et un dernier qui a succombé à l’hôpital suite à des blessures. Huit terroristes ont aussi été abattus lors des attaques.
Le grand écart entre la version des autorités burkinabè et celle relayée par les médias français a suscité la méfiance de nombreux Burkinabè qui l’interprétaient comme le résultat d’un complot de la France (dont des diplomates auraient été au courant du nombre de victimes avant le bilan officiel), relayant des messages de méfiance sur les réseaux sociaux.
Des photos des assaillants abattus l’ambassade de France : VRAI
À l’ambassade de France, située en face de la primature, les échanges de tirs entre assaillants et services de sécurité ont duré de longues minutes et se sont soldés par la mort de quatre terroristes, qui ont réussi à pénétrer non dans l’enceinte de la chancellerie, mais tout de même dans le périmètre de sécurité près d’une villa réservée à des fonctionnaires français, selon RFI.
Leur identité n’est, pour l’instant, pas connue. Mais depuis vendredi des photos circulent sur les réseaux sociaux et sur des sites d’information. Elles montrent trois corps de jeunes criblés de balles. Selon une source sécuritaire contactée par JA, il s’agit bien de ceux tués lors de la riposte des forces de l’ordre à l’ambassade de France.
Les autorités burkinabè ont par ailleurs annoncé avoir arrêté deux présumés jihadistes, dont l’un est soupçonné d’avoir joué un rôle clé dans les attaques.
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