Lakhdar Brahimi : la Syrie, c’est fini…
Après plus de vingt mois d’efforts pour la paix en Syrie, le représentant des Nations unies Lakhdar Brahimi a jeté l’éponge. Mais ne prend pas sa retraite pour autant.
Son lointain successeur à la tête de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, nous confiait il y a quelques semaines que Lakhdar Brahimi, 80 ans, "n’était pas homme à renoncer".
Et pourtant, excédé par les atermoiements des protagonistes de la crise syrienne, il a fini par jeter l’éponge. Reçu le 13 mai par Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU, dans son bureau de la Maison de verre à New York, le médiateur des Nations unies et de la Ligue arabe en Syrie a présenté sa démission, plus de vingt mois après avoir succédé à un autre démissionnaire célèbre, le Prix Nobel de la paix Kofi Annan.
Diplomate au long cours, médiateur international dans les crises les plus complexes, membre du panel des Elders – ces sages de la communauté internationale tels que Jimmy Carter ou Desmond Tutu qui veillent sur la paix de la planète -, Lakhdar Brahimi n’a pas caché sa tristesse de quitter son poste et la Syrie "dans une si mauvaise situation". L’Histoire ne retiendra sans doute pas sa performance de janvier 2014 : avoir réuni les belligérants, des représentants du régime de Bachar al-Assad et de l’opposition, pour des pourparlers directs à Genève.
Manque de réactivité de la communauté internationale
L’échec de ces négociations n’avait pas affaibli la ténacité de Lakhdar Brahimi. L’entêtement de Bachar al-Assad en revanche, décidé à organiser envers et contre tout une élection présidentielle le 3 juin pour briguer un troisième mandat, est arrivé à bout de sa patience. À quoi bon continuer quand on est convaincu que la réélection du président controversé sonnera le glas des efforts de paix et dissuadera l’opposition de revenir à la table des négociations…
Sans surprise, Damas n’a pas caché sa satisfaction en voyant s’éloigner du dossier syrien Lakhdar Brahimi.
Sans surprise, Damas n’a pas caché sa satisfaction en voyant s’éloigner du dossier syrien Lakhdar Brahimi, "cet agent de l’Arabie saoudite qui a montré son parti pris en faveur de l’opposition", écrit le quotidien damascène El Watan. Quant à Sana, l’agence officielle syrienne, elle accuse le médiateur de s’être mêlé des affaires intérieures du pays en s’opposant à l’agenda électoral du chef de l’État. Une réaction qui tranche avec celle de l’opposition, dont le représentant à l’ONU, Najib Ghadban, assure "partager les frustrations de Lakhdar Brahimi" tout en déplorant le manque de réactivité de la communauté internationale.
Kamel Morjane, successeur de Lakhdar Brahimi ?
Que va faire l’hyperactif Lakhdar Brahimi, lui qui est au chevet de la paix dans le monde depuis plus de vingt ans (Liban, Irak, Grands Lacs ou Afghanistan) ? Il est peu probable qu’il envisage une retraite méritée dans l’immédiat. Sa démission devenant effective à partir du 31 mai, il pourrait rester aux États-Unis jusqu’à cette échéance puis revenir à ses activités académiques. Il devrait ainsi retrouver très vite sa chaire à Sciences-Po Paris au sein du département des affaires internationales. À moins qu’il ne prolonge son séjour aux États-Unis. À la veille de sa nomination comme médiateur en Syrie, le 17 août 2012, Lakhdar Brahimi devait en effet rejoindre la prestigieuse université Harvard pour y enseigner.
S’agissant de son successeur, on évoque le nom de Kamel Morjane, l’ancien chef de la diplomatie tunisienne, qui a fait acte de candidature dès le 2 mai, soit dix jours avant l’annonce de la démission de Lakhdar Brahimi.
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