Mali : les fonctionnaires de Kidal libérés, IBK dénonce des « crimes odieux »
Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a exclu lundi soir toute impunité pour les auteurs des « crimes odieux » commis le week-end dernier à Kidal, où les 32 fonctionnaires retenus en otages depuis trois jours ont été libérés lundi soir.
Dans un discours à la nation diffusé lundi 19 mai à la télévision publique ORTM, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a dénoncé les "crimes odieux" commis ce week-end à Kidal (nord-est). Samedi, une trentaine de personnes y ont été tuées dans des combats entre soldats maliens et groupes armés.
>> Lire aussi : Retour sur un week-end sanglant à Kidal
"Ces violences se sont produites alors que le Premier ministre et plusieurs ministres, en visite dans le nord du pays, ont été reçus sous des balles et tirs à l’arme lourde de groupes armés", a affirmé IBK. Selon lui, des fonctionnaires en poste au gouvernorat ont été "pris en otage" par les groupes armés, qui "en ont froidement assassiné plusieurs. Je vous fais le serment que ces crimes odieux ne resteront pas impunis (…). Ils sont qualifiables de crimes contre l’humanité". "Les auteurs de ces prises d’otages et exécutions sommaires seront poursuivis devant les juridictions nationales et internationales", a insisté le président malien.
Les 32 fonctionnaires libérés
La Mission de l’ONU au Mali (Minusma) a annoncé lundi soir la libération de 32 personnes, des fonctionnaires qui étaient retenus depuis samedi. Selon le gouvernement malien, 36 personnes, dont huit militaires, ont été tuées lors des combats, survenus alors que les soldats maliens sécurisaient la délégation officielle.
D’après Bamako, les militaires ont affronté des hommes du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) alliés à des jihadistes, accusation réfutée par le MNLA. Le mouvement rebelle touareg a soutenu avoir réagi à une attaque de ses positions par l’armée, faisant "une dizaine de soldats maliens morts".
De son côté, la Minusma a dénoncé "l’assassinat de deux civils et six officiels maliens", sans plus de détails. De sources officielles, les six responsables tués sont deux préfets et quatre sous-préfets de la région de Kidal, qui ont été "abattus froidement" par les groupes armés.
Des renforts envoyés à Kidal
L’attaque contre les autorités à Kidal "n’est ni plus ni moins qu’une déclaration objective de guerre à l’État du Mali", a estimé le président Keïta, précisant que son gouvernement ne renonçait cependant pas à ses engagements de dialogue avec les mouvements armés. "Nous allons donc au dialogue, convaincus que le salut passe impérativement par là".
La veille, son Premier ministre Moussa Mara avait été plus catégorique : "Les terroristes ont déclaré la guerre au Mali, le Mali est donc en guerre contre ces terroristes". De sources militaires, l’envoi de renforts à Kidal est en cours d’envoi depuis samedi et devrait se poursuivre. 1 500 hommes y seraient arrivés depuis dimanche.
Le nombre de soldats auparavant déployés n’était pas connu. Mais fin avril, Moussa Mara avait affirmé que le Mali disposait "d’environ 8 300 hommes (…) sur le théâtre des opérations" dans le Nord, où ils travaillent "en partenariat" avec les soldats de l’opération française Serval et la Minusma, "en vue de surmonter les énormes difficultés de sécurisation du territoire". Ces renforts sont déployés alors que Bamako tente de renforcer la présence de l’État dans le Nord, englobant les régions de Tombouctou, Gao et Kidal, où Moussa Mara a effectué du 16 au 18 mai sa première visite depuis sa prise de fonction.
"Violences inacceptables"
Les violences de Kidal ont été condamnées par plusieurs pays et organisations. Après la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), l’Union africaine (UA) et les États-Unis dimanche, le Maroc s’est dit "inquiet" lundi, tandis que la France a dénoncé des "violences inacceptables".
Les violences de ce week-end ont aussi suscité des réactions d’hostilité envers la force Serval et la Minusma, accusées de passivité face aux rebelles touaregs. "Libérez Kidal!", "Minusma, à bas ! La France, à bas !", a-t-on notamment entendu lors de manifestations organisées à Bamako et Gao.
(Avec AFP)
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