Pour la santé et l’autonomisation des femmes
À l’occasion du 8 mars, l’humanité gagnerait à s’interroger sur l’opportunité de renforcer les efforts fournis au quotidien par les institutions bilatérales, multilatérales, les ONG et les autorités locales, pour le bien-être des femmes.
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Aïcha Yatabary
Dr Aïcha Yatabary est médecin, spécialiste en santé publique, aide humanitaire et coopération internationale, écrivain et présidente du mouvement Femmes santé solidarité internationale.
Publié le 6 mars 2018 Lecture : 4 minutes.
En effet, non seulement la femme est source de vie et éducatrice, mais de surcroît, acteur majeur du développement durable. Agir pour l’amélioration de ses conditions de vie, particulièrement sur le continent africain, revient à agir pour un développement durable au niveau de la région et même du monde.
Pour corroborer notre propos, citons le Dr Luis G. Sambo, directeur régional de l’OMS, qui affirmait, dans le rapport « Relever le défi de la santé de la femme en Afrique », en 2012 : « Il faut donner aux femmes africaines la possibilité de libérer pleinement leur potentiel, pour leur propre épanouissement et pour la prospérité de leurs familles et de leurs pays ». En effet, cette couche de la population joue un rôle majeur dans les économies locales. Les femmes sont des acteurs transversaux du programme 2030 de Développement durable de l’ONU, et leur rôle s’étend à des domaines aussi vastes que l’agriculture, l’élevage, la production d’énergie nécessaire au développement, la fourniture d’eau potable et d’irrigation, le commerce, mais elles peuvent être, en plus, éduquées et lettrées ou avoir bénéficié d’une formation professionnelle.
Malheureusement, elles sont aussi les principales victimes des problèmes liés aux défis à relever dans l’agenda 2030 : la promotion de santé, la lutte contre la pauvreté, la lutte contre la faim, l’accès à l’eau, la production d’énergie verte et la lutte contre le réchauffement climatique, pour ne citer que ceux là.
Concernant la santé des femmes, les problèmes sont divers : la question de la mortalité et de la morbidité liées à la grossesse, le VIH/Sida, le paludisme, les VBG (Violences basées sur le genre), la malnutrition et les Maladies non transmissibles, sont des problématiques de premier plan concernant la population féminine en Afrique. À propos de la mortalité liée à la grossesse, à titre d’exemple, l’hémorragie maternelle est la première cause de décès maternel sur le continent (24% des décès maternels selon l’OMS en 2008) et dans les régions en développement, les taux de mortalité maternelle sont 14 fois plus élevés que dans les régions développées. Les chiffres concernant le paludisme et le VIH/Sida chez les femmes sont aussi alarmants.
À propos de l’accès à l’eau pour les femmes rurales, dont la difficulté s’est accentuée avec le phénomène du réchauffement climatique, la raréfaction des ressources naturelles, qui allonge le trajet pour s’approvisionner en eau ou en bois, augmente la pénibilité de la corvée – et du temps de travail – pour ces acteurs essentiels de la vie rurale que sont les femmes.
Que dire de l’insécurité alimentaire et de ses répercussions sur les femmes ? Bien que la population féminine effectue 60 à 70% des travaux en milieu rural, elle constitue la première victime de l’insécurité alimentaire, de la faim, pour tout dire.
Les défis sont donc encore énormes pour améliorer le bien-être des femmes et favoriser leur épanouissement, d’autant plus que toutes ces thématiques (promotion de la santé, lutte contre la pauvreté, production d’énergie verte et lutte contre le réchauffement climatique, accès à l’eau, promotion du genre) sont interconnectées et nécessitent une gestion intégrée, systémique et transversale.
C’est cette action systémique, transversale et intégrée, en plus de son universalité, qui contribuera de façon optimale à atteindre les Objectifs de développement durable
Pour toutes ces raisons, nous, médecins, spécialistes en santé publique, humanitaires, ingénieurs agronomes, écrivains, philosophes, leaders d’opinion, spécialistes en environnement, membres de la société civile, artistes, femmes et hommes engagés, avons décidé de mettre en place, depuis août 2016, un mouvement pour les femmes, qui faciliterait une synergie d’action concernant les thématiques concernées : la promotion de la santé, de l’agriculture bio-équitable et la lutte contre la faim, l’accès à l’eau, la production d’énergie renouvelable dans une démarche de lutte contre le réchauffement climatique. Notre mouvement de 900 personnes à travers le monde dénommé FSSI (Femmes Santé Solidarité Internationale), prétend œuvrer pour les femmes rurales dans les pays du Sud, dans un premier temps, puis dans les pays du Nord à long terme, dans une logique de solidarité des peuples.
Nous pensons que c’est cette action systémique, transversale et intégrée, en plus de son universalité, qui contribuera de façon optimale à atteindre les Objectifs de développement durable, concernant la population générale et les femmes en particulier.
Notre mouvement FSSI a, depuis deux ans, identifié des fédérations de femmes sur le continent africain, répondant à nos critères de fiabilité (existence juridique et création depuis au moins un an, projets antérieurs menés avec succès) et identifié leurs besoins. Grâce à une mise à contribution des compétences des différents membres (médecins spécialistes, humanitaires, ingénieurs), des termes de références de projets répondant à leurs besoins ont été rédigés pour les fédérations de femmes.
À présent, nous lançons un appel à tous les acteurs de la société civile dans le domaine de la promotion de la femme et aux différentes institutions concernées, pour être mis en relation avec les fédérations de femmes identifiées par notre mouvement, et pour participer à cette dynamique : œuvrer de façon multidisciplinaire, bénévole et universelle à l’atteinte des objectifs de l’agenda 2030, concernant les femmes.
Vous trouverez ici le manifeste du mouvement FSSI
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