Cameroun : qui sont les onze juges chargés de superviser la prochaine présidentielle ?
Le Conseil constitutionnel camerounais a officiellement été constitué, après 22 années d’attente. En son sein, beaucoup de membres ou d’anciens membres du RDPC, le parti au pouvoir, et un seul représentant de l’opposition, issu du SDF.
Les onze membres du Conseil constitutionnel camerounais ont prêté serment mardi 6 mars, lors d’une cérémonie solennelle à Yaoundé. Cette institution, dont la formation était attendue depuis sa création, il y a 22 ans, compte cinq anciens ministres. Elle est notamment chargée de valider les résultats d’élections – notamment la présidentielle qui devrait se tenir en octobre 2018 – et de traiter les contentieux électoraux.
Si l’opinion camerounaise reconnait que les onze « sages » ont le profil d’éminents juristes, leur fort tropisme envers le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir) leur est toutefois reproché. Petit tour d’horizon des juges qui détiendront la clef du prochain scrutin présidentiel.
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Présidence : un fauteuil pour deux
Clément Atangana
Âgé de 77 ans, ce magistrat à la retraite, devenu avocat, est le président du Conseil constitutionnel. Diplômé de l’Enam, ce natif du centre du Cameroun, proche du RDPC, a longtemps été le président de la Chambre administrative de la Cour suprême et a présidé à de nombreuses reprises la Commission nationale de recensement général des votes, lors des différents scrutins législatifs et présidentiels de 1997 à 2014.
Jean Fouman Akame
Originaire du Sud, ce magistrat de formation est aussi un cousin germain du président Paul Biya et l’un de ses très proches conseillers. Après un début de carrière dans les tribunaux, puis un passage éclair au gouvernement au poste de ministre de l’Administration territoriale (1983-1984), cet octogénaire est, depuis 1986, conseiller technique à la présidence. Il a été nommé en 2010 président du tribunal de première instance de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF).
Ce cacique du régime, secrétaire permanent du Conseil supérieur de la magistrature, a été très impliqué dans l’opération anticorruption Épervier, en 2015. Il est également businessman à ses heures, dans le secteur de l’agro-industrie, dans son fief de Nkondol, son village natal. Sa proximité avec le chef de l’État pourrait lui conférer la direction effective du Conseil constitutionnel.
Les anciens ministres
Emmanuel Bonde
Après une brève carrière dans l’enseignement, cet ancien séminariste entre à la présidence de la République, en 1978, comme attaché puis chargé de mission. Il occupe des fonctions ministérielles pendant près de dix ans, d’abord en tant que ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative (2006-2011), puis comme ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique (2011-2015). Originaire de la région Centre, il appartient au parti au pouvoir.
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Joseph Marie Bipoun Woum
Universitaire de renom, auteur de plusieurs ouvrages, il est professeur de droit public à l’université de Yaoundé II, où il a occupé les fonctions de doyen de la Faculté des sciences juridiques et politiques. Ex-ministre de la culture (1992-1994) puis de la Jeunesse et des Sports (1994-1996), il vient d’être nommé, en janvier, président de la Chambre de conciliation et de d’arbitrage (CCA) du Comité national olympique et sportif du Cameroun (CNOSC). Il est membre du RDPC.
Etienne Charles Lekene Donfack
Originaire de l’Ouest, ce professeur de droit de 69 ans a aussi une carrière politique puisqu’il a été ministre du Développement urbain et de l’Habitat (2002-2006) puis député du RDPC (2007-2013). Il est très influent au sein du parti présidentiel.
Bah Oumarou Sanda
Âgé de 78 ans, ce natif de Garoua, dans le Nord, a été ambassadeur du Cameroun au Tchad (depuis 2008) après avoir occupé le poste de secrétaire général adjoint de l’Assemblée nationale. Il a par ailleurs été ministre des Postes et Télécommunications (1988-1992).
Les techniciens
Florence Rita Arrey
La seule femme à siéger au Conseil est âgée de 70 ans. Cette magistrate formée à l’université de Lagos, à l’université de Londres et à l’Enam a commencé son ascension au Cameroun. Tour à tour première femme présidente de la Cour d’appel, puis première femme juge à la Cour suprême, elle a ensuite siégé au Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) de 2003 à 2012, dont elle fut même la vice-présidente.
Elle exerce les fonctions de directrice des professions judiciaires auprès du ministère de la Justice depuis 2014. Elle est originaire de la région Nord-Ouest, dans la partie anglophone du pays.
Emile Essombe
Ce magistrat originaire du Littoral était, avant sa nomination au Conseil constitutionnel, procureur général près la Cour d’appel du Sud-Ouest, où il a dû gérer la grève des avocats anglophones. C’est un proche du RDPC.
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Les serviteurs de l’État
Jean-Baptiste Baskouda
A 61 ans c’est le benjamin du Conseil. Après avoir notamment servi à la présidence (1988-1995), ce haut-fonctionnaire, diplômé de l’Enam, a été nommé sénateur par le président de la République en 2013. Originaire du département du Mayo Sava (Extrême Nord), il est également l’auteur du livre Baba Simon, le père des Kirdis, une biographie du prêtre camerounais Simon Mpecke, évangélisateur des musulmans du Nord Cameroun.
Ahmadou Tidjani
Ancien préfet et gouverneur de région, il A mis un terme à sa retraite, qu’il avait prise en 2010, pour reprendre du service. Passé par l’Enam, il a consacré toute sa carrière au service de l’État. De confession musulmane, il est originaire de la région centrale de l’Adamaoua.
La voix de l’opposition
Paul Nchoji Nkwi
Ce professeur d’anthropologie à l’université de Yaoundé I, âgé de 78 ans, a été formé à l’université de Fribourg. Il est l’auteur de nombreuses publications et a enseigné notamment à l’école de médecine d’Harvard en tant que professeur invité.
Il a également été conseiller politique et membre du shadow cabinet du Social Democratic Front (SDF), en charge des Affaires sociales, de la Jeunesse et des Sports. Il est originaire de la région anglophone du Cameroun.
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