Réactions prudentes au nouveau cessez-le-feu
La signature, le 9 mai, d’un accord de paix et de cessez-le-feu entre le gouvernement de la République centrafricaine (RCA) et le seul groupe rebelle qui n’avait pas encore pris part au processus de paix national suscite des réactions mitigées au sein même du pays.
La trêve conclue avec l’Armée populaire pour la restauration de la république et la démocratie (APRD), basée dans le nord-ouest de la RCA, a été signée à Libreville, capitale du Gabon, au terme d’un mois de débat avec le gouvernement de Bangui. Outre la cessation des hostilités, l’APRD a entrepris de cantonner ses combattants à leurs bases.
L’accord a également ouvert la voie à une amnistie, soumise au vote d’un projet de loi qui doit être présenté devant l’Assemblée nationale. « C’est un pas en avant dans la résolution du conflit », a affirmé le professeur Mathias Morouba, président de l’Observatoire centrafricain des droits de l’Homme (OCDH) et de la Commission justice et paix centrafricaine. « La population a envie de vivre autre chose. [Les habitants sont] dans une situation de détresse », a-t-il déclaré, ajoutant que l’accord ne représentait qu’un élément de la solution à long terme qu’il faudra trouver aux problèmes de la RCA.
« D’accord pour le règlement politique. Mais quelle sera alors la situation de ceux qui ont eu à perdre des parents ou des biens lors de la rébellion ? Il faut que le gouvernement prenne en compte la situation de ceux-là ; sinon, nous risquons de former à l’avenir d’autres rebelles », a prévenu M. Morouba.
Jusqu’ici, pour Toby Lanzer, coordinateur humanitaire des Nations Unies en RCA, ce dernier cessez-le-feu, qui fait suite à d’autres accords semblables, conclus avec deux autres groupes rebelles, est « le meilleur signe de la possibilité d’une paix durable dans la région nord-ouest de la RCA. Les tensions devraient à présent se dissiper, les opérations [humanitaires] pourront être déployées, et davantage de personnes pourront être aidées ».
En effet, dans le nord-ouest de la RCA, les besoins humanitaires sont énormes ; cela s’explique non seulement par les activités de l’APRD et les représailles violentes des forces gouvernementales (Une population qui compte bien trop d’ennemis), mais aussi par la présence de nombreux bandits. L’absence d’un Etat fonctionnel a également contribué à la désintégration d’une majorité des infrastructures.
Mais à en croire Christophe Ndouba, député de Paoua, une ville du nord-ouest du pays, il est encore trop tôt pour pouvoir mesurer l’apport de cet accord, signé avec l’APRD. « Les populations sont toujours [dans la] brousse, d’autres restent dans les camps de réfugiés, au Tchad. Il est donc trop tôt pour [que je puisse dire si] cet accord va alléger ou améliorer les conditions de vie de la population », a-t-il déclaré à IRIN.
Un avis partagé par un responsable humanitaire, qui n’a pas souhaité être nommé : « Il faut encore attendre une à deux semaines. Même la population de Paoua n’est pas encore informée de la signature de cet accord. Il est trop tôt pour avoir notre réaction », a-t-il déclaré.
Pour Stanislas Bango, conseiller politique du président François Bozizé, cet accord « est bienvenu, dans la mesure où il va déboucher sur un accord de paix global ». « La paix va enfin revenir au pays, ce qui permettra au gouvernement de consacrer de l’argent aux projets de développement, au lieu d’investir dans la guerre. Avec cet accord de paix, les investisseurs vont arriver dans le pays et les populations en général vont [en] tirer profit », a-t-il affirmé.
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