Septembre noir prend en otages des athlètes israéliens

5 septembre 1972

Publié le 2 septembre 2008 Lecture : 3 minutes.

Le 5 septembre 1972, à 4 heures du matin, huit hommes escaladent le mur du village olympique de Munich, en Allemagne, qui organise les XXe Olympiades modernes. Ils sont vêtus comme des athlètes : survêtement, tennis au pied, sacs de sportÂÂÂ Mais ces derniers contiennent kalachnikovs, grenades et munitions. Le responsable de l’opération conduit le groupe à la porte du bloc n° 31, qui abrite les délégations d’Israël, de Hong Kong et de l’Uruguay.
Cinq membres du commando pénètrent dans le pavillon israélien et abattent d’une rafale l’entraîneur de lutte, Moshe Weinberg, et un autre sportif qui tentaient de les repousser. Neuf des vingt-six athlètes que compte la délégation israélienne – ceux qui n’ont pas réussi à s’enfuir – sont faits prisonniers. Moins d’une heure plus tard, alors que la police allemande boucle le périmètre et que les tireurs d’élite prennent place sur les toits, les athlètes hongkongais et uruguayens sont libérés. Très rapidement, la radio et la télévision arrivent sur les lieux. Le milliard de personnes qui suit les JO apprend, médusé, que les preneurs d’otages sont palestiniens. Et qu’ils réclament la libération de deux cents des leurs emprisonnés dans les geôles israéliennes.
Baptisé « Septembre noir », en référence à la répression féroce menée en septembre 1970 par le roi Hussein de Jordanie contre l’OLP de Yasser Arafat (environ 20 000 morts), c’est un mouvement mystérieux. Ses actions ne sont jamais revendiquées par le Fatah, mais il agit, selon toute vraisemblance, avec l’aval de certains proches d’Arafat, comme Abou Iyad ou Abou Daoud, cerveau présumé de l’opération de Munich.
Si la résistance palestinienne en arrive à de telles méthodes, c’est qu’elle ne s’est jamais sentie aussi isolée. Depuis le lancement officiel, en octobre 1969, du plan Rogers (du nom du secrétaire d’État américain, William Pierce Rogers) visant la signature d’un accord de paix entre Israël et l’Égypte, la possibilité d’un accord entre l’État hébreu et les pays arabes sur le dos des Palestiniens se renforce. Une éventualité désespérante pour une grande partie de la jeunesse palestinienne, qui croupit, souvent depuis l’enfance, dans les camps de réfugiés.

Mais l’objectif des résistants palestiniens n’est pas de tuer. À Munich, par exemple, ils menacent d’exécuter les otages, mais repoussent leur ultimatum à trois reprises dans la journée. Leur but est d’obliger l’État hébreu à négocier. Or celui-ci, en position de force depuis la guerre des Six Jours (juin 1967), s’y refuse catégoriquement. Quant au gouvernement allemand, cherchant à faire oublier les Jeux organisés par Adolf Hitler en 1936, dans la même ville, il cède aux exigences de Golda Meir, la Première ministre israélienne, en devenantÂÂÂ le bras armé de l’État hébreu.
À l’aéroport de Fürstenfeldbrück, à 25 km au sud de Munich, où le commando et ses otages se rendent le soir venu pour embarquer à bord de deux hélicoptères à destination du Caire, la police allemande ouvre le feu sur les Palestiniens. La fusillade qui éclate sur le tarmac vers 22 heures dure près de deux heures et demie, et se solde par la mort de tous les otages et de cinq Palestiniens. Les trois survivants, légèrement blessés, seront libérés après le détournement d’un avion de la Lufthansa par un autre commando de « Septembre noir », au mois d’octobre suivant. L’intransigeante Golda Meir lance alors l’opération « Colère de Dieu », qui vise à éliminer physiquement les responsables du drame de Munich. Elle fera plus d’une trentaine de victimes en vingt ans. Et, parmi elles, de nombreux innocents.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires