L’œil de Glez : touche pas à mon python !
L’ONG de défense des animaux Traffic tire la sonnette d’alarme sur l’explosion des exportations d’espèces africaines protégées vers l’Asie. Prêche dans le désert ?
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 14 mars 2018 Lecture : 2 minutes.
Sur le continent le plus mal classé en termes d’indice de développement humain (IDH), la cause animale paraît rarement prioritaire au citoyen lambda. Le chômeur africain qui ne vit que du système D ou de la solidarité familiale ne versera pas de larmes pour un perroquet ; encore moins pour un python qu’il préfère ne jamais rencontrer. Si le spécisme des humains -discrimination entre espèces vivantes – se comprend à l’heure de la galère, il ne doit pas ignorer que la disparition d’une catégorie d’animaux peut menacer tout l’équilibre de la biodiversité, voire certains pans touristico-culturels de l’économie continentale. Or, l’avenir des perroquets gris, des pythons royaux et autres tortues à éperon ne semble pas radieux.
S’appuyant sur des données relatives au commerce entre les différents continents, une récente étude de l’ONG Traffic dévoile que les exportations d’animaux vivants, de peaux et de viande ont explosé, ces dernières années, en direction de l’Asie. Depuis 2006, en particulier, selon l’organisation de défense des animaux, ce sont les importations d’espèces protégées d’Afrique qui se sont multipliées en Orient. C’est plus de 1,3 million d’animaux vivants et plantes, 1,5 million de peaux et 2000 tonnes de viande qui ont été exportés illégalement de 41 pays d’Afrique vers l’Asie de l’Est et du Sud-Est.
Des alternatives légales existent pourtant…
La demande concerne l’alimentation, les produits dérivés du règne animal – notamment vestimentaire – ou tout simplement la quête d’affection. Jugés « dociles » et adaptés à des espaces réduits, les pythons royaux et les tortues Stigmochelys pardalis ou Centrochelys sulcata sont appréciés, en Asie, comme animaux de compagnie exotiques. Selon Traffic, les importations illégales de ces bêtes venues d’Afrique ont pratiquement décuplé en 10 ans.
Pourtant, l’importation de certains animaux protégés par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites) est parfois légale. Le commerce d’autres, comme celui des perroquets gris du Gabon, est totalement illégal, sauf pour des motifs scientifiques. Un co-auteur de l’étude, Willow Outhwaite, se désole que ce « commerce légal d’animaux sauvages entre l’Afrique et l’Asie » soit jusqu’à présent « ignoré dans une large mesure ». Avec la quasi-absence de surveillance de ces exportations, certaines espèces qui ne sont pas formellement menacées d’extinction pourraient le devenir. Et c’est tout l’équilibre de la faune africaine qui pourrait en être perturbé…
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