Guinée : les enseignants suspendent la grève, reste le « front politique »
Le Syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée (SLECG) et le gouvernement ont signé mardi soir un accord qui met fin à un mois de grèves, de cours suspendus dans les établissements scolaires et de manifestations. La crise sociale étant jugulée, reste la crise politique.
Il était aux environs de 23 heures, mardi soir, lorsque la fumée blanche s’est élevée au-dessus de la salle du Palais du Peuple, à Conakry, où se tenaient les négociations. La signature d’un accord entre le gouvernement et le Syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée (SLECG, principal syndicat d’enseignants) a été obtenue de haute lutte, grâce à la médiation de l’ancien Premier ministre et nouveau médiateur de la République, Mohamed Saïd Fofana.
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Khalifa Gassama Diaby, le ministre de l’Unité nationale et de la citoyenneté, et Tibou Kamara, le ministre d’État conseiller personnel du président Alpha Condé, étaient également présent. Lorsqu’est venue l’annonce qu’un accord avait été finalement été atteint, le nom de ce dernier a longuement été scandé par les enseignants. Manière de saluer celui qu’ils considèrent comme ayant été capable de faire fléchir le chef de l’État, qui avait qualifié la grève de « sauvage », son meneur, le secrétaire général du SLECG, Aboubacar Soumah, de « rebelle » et qui avait interdit aux médias de donner la parole.
Satisfaction des principales revendications
Par cet accord, le gouvernement a accédé aux principales revendications des grévistes, dont celle qualifiée de « non négociable » par le syndicat : l’augmentation des salaires des enseignants. Les salaires revus à la hausse à partir de la fin mars. Pour les enseignants déjà en activité, la hausse sera rétroactive sur les salaires perçus à compter du mois de janvier. Pour les retraités, la revalorisation portera sur les pensions versées également en novembre et décembre 2017.
L’autre point de revendication « non négociable » qui a été satisfait dans le cadre de l’accord porte sur la levée de la suspension du salaire du secrétaire général du SLECG et meneur de la grève, Aboubacar Soumah. Ses arriérés lui seront également payés.
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L’accord prévoit également la création d’une commission paritaire gouvernement-syndicat « en vue de l’ouverture d’un couloir de négociations », du 2 au 25 mai 2018, en vue de discuter de la fixation d’un « salaire de base de 8 millions » (soit près de 800 euros).
Tout enseignant muté ou demis de ses fonctions pour fait de grève « doit être rétabli immédiatement dans ses droits ». Et le point cinq de l’accord de conclure que « nul ne sera sanctionné ou poursuivi pour fait de grève ».
La vidéo publiée par le site GuineeNews.org après la signature de l’accord :
« Le mérite revient d’abord au Président »
« Comme vous le constatez, parmi les revendications présentées au gouvernement, nous avons pu obtenir quatre points », s’est réjoui sous les ovations de sa base le héros de cette âpre lutte, Aboubacar Soumah, avant de déclarer suspendue la grève.
Le conseiller d’Alpha Condé, Tibou Kamara – qui a « toujours cru à l’issue heureuse de la crise » – a martelé que l’accord marque « la victoire de tout le monde et la défaite de personne ».
Pour lui, « le mérite revient d’abord au président, qui a quand même accepté de satisfaire une revendication majeure dans la plateforme ». Il insiste cependant sur le fait que l’heure n’est pas à la réjouissance : « Maintenant, il faut faire face au front politique ».
L’opposition, qui conteste toujours les résultats des élections communales du 4 février, a en effet appelé à une série de manifestations. En conséquence, la reprise des cours dans les écoles est reportée à jeudi 15 mars, a confié une source syndicale. Silence radio du côté du gouvernement qui, pour l’heure, n’a fait aucune communication sur le sujet.
Les forces de sécurité étaient visibles, ce mercredi matin, en plusieurs endroits de Conakry, notamment au niveau du grand marché de Madina, sur l’autoroute Fidel Castro. Au centre-ville de Kaloum, la devanture du palais présidentiel Sékhoutouréya était toujours surveillée par les bérets rouges de la garde présidentielle, obligeant les passants à emprunter d’autres ruelles que l’habituelle grande voie qui passe devant.
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