Rayés de la carte

Publié le 2 septembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Certains pays traversent des situations de crise, d’autres les accumulent. C’est notamment le cas de la Guinée-Bissau. Coincé entre la Guinée et la province sénégalaise de la Casamance, ce petit État lusophone d’Afrique de l’Ouest vient de vivre une décennie de troubles politiques qui l’ont rendu quasi ingouvernable. L’instabilité chronique n’a fait qu’appauvrir un peu plus sa population : l’ancienne colonie portugaise occupe la 175e place (sur 177) au classement des pays selon leur niveau de développement établi par les Nations unies. Les deux tiers de ses habitants (estimés à 1,6 million) vivent en dessous du seuil de pauvreté. De quoi favoriser l’émergence d’activités criminelles, à commencer par le commerce de la drogue. La capitale bissau-guinéenne est ainsi devenue une véritable plaque tournante du trafic international de stupéfiants. Profitant de l’absence de contrôles, les narcotrafiquants sud-américains ont misé sur cet État exsangue pour y développer un business florissant.

Cette semaine, Bissau est encore revenu sous les feux de l’actualité, puisque son nom a été mentionné lors de la conférence des Nations unies sur le changement climatique, qui s’est achevée le 27 août à Accra. D’après les experts qui prennent régulièrement le pouls – et surtout la température – de la planète, le niveau de la mer augmente à raison d’environ deux centimètres par an, si bien que des pans entiers du littoral africain disparaîtront sous les flots d’ici à la fin du siècle. Cette montée des eaux sera dramatique pour un certain nombre d’agglomérations côtières (voir p. 37). Sont notamment concernées Lagos (Nigeria), Banjul (Gambie), Nouakchott (Mauritanie) etÂÂÂ la ville de Bissau.

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En attendant d’être « rayés de la carte », ses habitants vaquent à leurs occupations, sans se douter que le réchauffement climatique fait déjà des ravages près de chez eux. Au cours des trente dernières années, les dérèglements de la météo ont causé un accroissement de la mortalité mondiale (environ 150 000 décès supplémentaires par an), surtout parmi les plus pauvres. Et leurs effets sur la santé publique devraient encore s’accentuer. Parmi les risques les plus aigus, on note la recrudescence du paludisme et des maladies diarrhéiquesÂÂÂ des pathologies déjà courantes dans les quartiers populaires de Bissau. Victime du réchauffement climatique, le pays n’est pourtant pas un gros pollueur. Avec un tissu industriel inexistant et un parc automobile très réduit, il ne contribue que de manière infinitésimale aux émissions de gaz à effet de serre qui réchauffent le monde. Ce qui n’empêche pas la Guinée-Bissau d’en payer déjà le prix fort.

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