« Je n’ai rien à me reprocher » : la présidente mauricienne explique son refus de démissionner
La présidente mauricienne Ameenah Gurib-Fakim, qui conteste les faits qui lui sont reprochés dans une affaire financière, a annoncé ce mercredi qu’elle refusait de démissionner, contrairement aux déclarations de son Premier ministre quelques jours plus tôt. Elle revient pour Jeune Afrique sur les raisons de cette décision.
Cacophonie à la tête de l’État mauricien. Contrairement à ce qu’annonçait le Premier ministre Pravind Jugnauth, le vendredi 9 mars, la présidente de la République, Ameenah Gurib-Fakim, ne démissionnera pas.
« Ce serait un aveu de culpabilité, or je n’ai rien à me reprocher », a déclaré ce mercredi 14 mars à Jeune Afrique celle qui est aujourd’hui l’unique femme chef d’État sur le continent. « Surprise » par la déclaration du chef de gouvernement avec lequel elle s’était entretenue auparavant, elle entend néanmoins poursuivre la fonction honorifique pour laquelle elle a été nommée en juin 2015.
Au centre d’une polémique impliquant une ONG
Scientifique et biologiste de renom, Ameenah Gurib-Fakim, 58 ans, est sous pression depuis la publication, début mars, par le quotidien mauricien l’Express, de documents bancaires démontrant qu’elle a utilisé une carte de crédit fournie depuis mai 2016 par l’ONG Planet Earth Institute (PEI), pour des achats personnels. Bijoux et chaussures de marque, la facture se monte à 26 000 dollars, qu’Ameenah Gurib-Fakim ne conteste pas.
Dans le communiqué publié le matin du 14 mars par la présidence, elle explique avoir utilisé « par inadvertance », la carte du PEI et en avoir « immédiatement informé les responsables », avant de « rembourser le montant par virement bancaire en mars 2017 ». Quelques jours plus tard, elle démissionne du conseil d’administration du PEI, qu’elle avait rejoint à titre bénévole, en novembre 2015.
Ameenah Gurib-Fakim se dit « choquée que des données aussi confidentielles aient pu être publiées à des fins malveillantes »
L’affaire aurait pu en rester là, si elle ne s’était pas trouvée, un an plus tard, en une des journaux mauriciens. Elle a manqué de tourner au scandale, puisqu’elle implique le milliardaire angolais à la réputation sulfureuse, Alvaro Sobrinho. L’homme d’affaires, également bras financier du PEI, tente depuis de nombreuses années de s’implanter dans l’économie mauricienne. Sans succès.
« Je n’ai jamais reçu ni cadeaux, ni faveurs, ni salaire du PEI », insiste Ameenah Gurib-Fakim, invitée, à l’époque, par l’ONG à diriger « une campagne de sensibilisation pour développer les sciences en Afrique ».
« Choquée que des données aussi confidentielles aient pu être publiées à des fins malveillantes », Ameenah Gurib-Fakim attend les conclusions de l’enquête lancée par l’institution bancaire détentrice de la carte pour connaître la provenance des documents.
Selon le communiqué de la présidence, elle est également « prête à intenter une action en justice pour se défendre contre les accusations calomnieuses qui la vise ».
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