Maroc : neuf manifestants interpellés à Jérada suite à des heurts avec les forces de l’ordre
Suite à des « actes de violence », les forces de l’ordre ont procédé mercredi à l’arrestation de neuf manifestants à Jérada. Ces interpellations sont survenues après que le ministère de l’Intérieur a réitéré dans un communiqué paru la veille « son droit d’appliquer la loi dans la ville de Jérada par l’interdiction des manifestations illégales sur la voie publique et par des réponses fermes face aux agissements et comportements irresponsables ».
Nouvelle journée de tension à Jérada : après des heurts entre manifestants et forces de l’ordre mercredi 15 mars, neuf personnes ont été interpellées dans cette ancienne ville minière du nord-est du Maroc, agitée par un mouvement de protestation depuis fin décembre, selon un communiqué officiel.
Dans le document, le ministère de l’Intérieur fait état « de cas de blessures, dont certaines graves, parmi les forces de l’ordre obligées d’intervenir pour disperser un sit-in non autorisé à Jérada. (…) Les forces publiques maintiendront les mesures visant la protection de la sécurité et de l’ordre public ». Pour l’instant aucun bilan n’est disponible du côté des manifestants. Des médias locaux ont rapporté que les blessés parmi la population ne sont pas allés à l’hôpital de peur de se faire arrêter.
Ces interpellations font suite à la mise en garde du ministère de l’Intérieur. En effet, dans un communiqué publié la veille, mardi 13 mars, le ministère avait lancé un avertissement aux manifestants, les autorités marocaines se disant prêtes à « des réponses fermes face aux agissements et comportements irresponsables ». La préfecture de Jérada a ensuite décidé d’interdire « toute manifestation illégale » dans la province à compter de mercredi.
Selon le ministère de l’Intérieur, ces interpellations ont été motivées par le fait que des « éléments cagoulés (…) ont provoqué les forces publiques les attaquant avec des jets de pierres. Ces forces ont été obligées d’intervenir, en coordination avec le parquet compétent, pour disperser cette manifestation ». Selon la même source, des « manifestants ont incendié cinq voitures des forces publiques et occasionné d’importants dégâts matériels » et « neuf personnes ont été interpellées et seront déférées devant la justice ».
Les militants accusent quant à eux les forces de l’ordre d’avoir chargé des manifestants. Des vidéos diffusées mercredi sur les réseaux sociaux ont montré des face-à-face tendus, alors qu’un nouveau sit-in était organisé dans cette ville économiquement sinistrée depuis la fermeture de ses mines à la fin des années 1990.
Un mouvement qui reprend de l’ampleur
La mort accidentelle, fin décembre, de deux mineurs dans un puits désaffecté de charbon, suivie depuis de deux autres décès accidentels, a mobilisé la population. Si l’ancienne mine a été fermée en 1999, l’extraction du charbon a continué de façon clandestine, bénéficiant à des notables locaux pendant que les travailleurs s’aventurent dans ces mines dans des conditions de sécurité et de travail indignes.
Suite à ces décès, des manifestations pacifiques ont demandé des « alternatives économiques » à l’extraction clandestine de charbon, seule activité locale. Un plan d’action économique proposé par le gouvernement avait permis une accalmie mais des manifestants sont redescendus dans la rue fin février pour demander des « réponses concrètes ».
La tension est montée d’un cran le weekend dernier après quatre arrestations parmi les militants du Hirak. Une grève générale a notamment été annoncé, ainsi qu’une marche et plusieurs grandes manifestations pour demander leur libération.
Les autorités affirment pour leur part que ces arrestations n’ont rien à voir avec le mouvement social mais sont liées, pour trois des cas, à un accident « en état d’ébriété » avec délit de fuite, et pour le dernier à une « violation d’établissement public » avec dégâts matériels.
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