Afrique du Sud : des policiers devant la justice pour leur rôle présumé dans le massacre de Marikana
Neuf policiers sud-africains ont été présentés ce jeudi devant un juge pour le meurtre de trois mineurs, qui avait précédé en 2012 le massacre par les forces de l’ordre de salariés de la mine de Marikana.
![Des policiers sud-africains se tiennent près des corps de mineurs tombés à Marikana, le 16 août 2012. © AP/SIPA](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2018/03/15/sipa_ap22091040_000001-1-e1521125293736.jpg)
Des policiers sud-africains se tiennent près des corps de mineurs tombés à Marikana, le 16 août 2012. © AP/SIPA
C’est la première fois que des membres des forces de l’ordre comparaissent devant la justice pour leur rôle dans le massacre de Marikana. Cette fusillade, qui s’était soldée par la mort de 34 personnes abattues par la police, est la plus meurtrière en Afrique du Sud depuis la fin officielle du régime de l’apartheid en 1994. Elle avait été suivie par une violente vague d’arrêts de travail dans les mines du pays, faisant une soixantaine de morts.
>>> A LIRE – Ce jour-là : le 16 août 2012, 34 mineurs grévistes de Marikana tombent sous les balles de la police
L’actuel président sud-africain Cyril Ramaphosa s’était retrouvé à l’époque sous le feu des critiques, qui l’accusaient d’avoir fait pression pour que la police intervienne et mette fin à la grève. Ramaphosa était alors membre du conseil d’administration du groupe britannique Lonmin, propriétaire de la mine de platine de Marikana.
« Aucune menace » pour la police
Trois ans après les faits, une commission d’enquête l’a finalement exonéré de toute responsabilité, en considérant « qu’il est impossible de dire qu’il est la cause du massacre ».
Les neuf policiers déférés jeudi 15 mars devant la justice sont poursuivis pour leur participation aux meurtres, quelques jours avant le massacre du 16 août 2012, de trois salariés de la mine, a annoncé la « police des polices » sud-africaine (Ipid) dans un communiqué. Tous ont été placés sous contrôle judiciaire jusqu’à une prochaine audience prévue en juin prochain.
Pour le procureur, les victimes ne présentaient « aucune menace » pour la police. Deux d’entre eux avaient été tués lors de violents affrontements avec les forces de l’ordre, dont deux membres avaient également trouvé la mort. Le corps de la troisième victime avait été découvert sans vie dans un véhicule de police.
Aucun responsable jugé
Une commission d’enquête officielle a attribué en 2015 l’essentiel de la responsabilité du massacre du 16 août à la police. Sa chef, Riah Phiyega, avait dans la foulée été suspendue par le président sud-africain Jacob Zuma. Mais aucun autre responsable des forces de l’ordre n’a encore été jugé.
Le gouvernement s’est dit prêt à indemniser les familles des victimes mais, plus de cinq ans après les faits, aucune d’entre elles n’a encore touché le moindre rand.
Le mois dernier, Cyril Ramaphosa avait indiqué vouloir « panser les plaies » ouvertes par ce massacre.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus
- Bénin-Niger : dans les coulisses de la médiation de la dernière chance
- Au Togo, le business des « démarcheurs », ces arnaqueurs qui monnaient la justice
- Qui entoure Mele Kyari, président de la NNPC, l’État dans l’État au Nigeria ?
- Côte d’Ivoire : Laurent Gbagbo, sur les terres de Simone à Bonoua
- Alafé Wakili : « Aucun pays n’est à l’abri d’un coup d’État »