Prince Johnson accuse l’Amérique

Publié le 2 septembre 2008 Lecture : 1 minute.

L’affreux Prince Johnson a troqué sa veste de camouflage et ses cinq étoiles de maréchal contre un boubou rayé et un béret rouge. C’est en effet dans cette tenue que, depuis le 26 août, l’ancien allié de Charles Taylor témoigne devant la commission Vérité et Réconciliation, l’instance censée faire la lumière sur les exactions perpétrées pendant les guerres civiles qui ont dévasté le Liberia entre 1989 et 2003.
Prince Johnson, c’est ce seigneur de guerre que, sur une vidéo qui a fait le tour du monde, on a pu voir sirotant une bière tandis que ses hommes arrachaient l’oreille de Samuel Doe, le chef de l’État de l’époque, avant de le torturer à mort. C’était en septembre 1990. Aujourd’hui quinquagénaire et sénateur, Johnson, comme il l’a confié à la commission le 26 août, estime que les Libériens doivent « se pardonner les uns les autres ».
À l’en croire, les vrais responsables des malheurs du pays se trouventÂÂ outre-Atlantique. Charles Taylor, artisan avec lui de la chute de Doe, aurait en effet été secrètement libéré par les autorités américaines – il était détenu aux États-Unis pour détournement de fonds – afin de renverser le régime. Une thèse qui contredit la version officielle, selon laquelle Taylor se serait évadé « de lui-même », en 1985, avant de fomenter « de lui-même » son coup d’État.
Arrivé au pouvoir par la force en avril 1980, Doe avait mis en place un régime militaire répressif et corrompu. Avec, dans un premier temps, le soutien de l’Amérique, qui, en pleine guerre froide, avait besoin de relais en Afrique pour endiguer le péril soviétique. Doe avait-il fini par se rendre insupportable à ses protecteurs ? Ceux-ci s’étaient-ils résolus à se débarrasser de lui ? On ne le saura peut-être jamais.

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