Pas encore jugé, déjà condamné

Publié le 2 septembre 2008 Lecture : 1 minute.

Sera-t-il jugé un jour ? Les certitudes de ceux qui croyaient imminent le procès d’Hissein Habré commencent à vaciller. L’enchaînement des événements survenus au cours de ces dernières semaines incite au pessimisme victimes et organisations de défense des droits de l’homme, qui réclament vainement justice depuis janvier 2000. L’ex-président tchadien – qui vit en exil à Dakar, où il est poursuivi pour crimes contre l’humanité – ainsi que onze chefs rebelles tchadiens ont été condamnés à mort par contumace le 15 août par la justice tchadienne pour « atteinte à la sécurité de l’État ». Parmi les condamnés figure le principal leader de la rébellion, Mahamat Nouri, qui fut proche de l’ex-président Habré, renversé en 1990 par Idriss Déby Itno.
Le verdict du tribunal d’exception tchadien, qui associe Habré et les rebelles dans une même procédure, a brouillé les cartes. À en croire ce tribunal plutôt expéditif, l’ex-chef de l’État serait lié aux insurgés qui multiplient les assauts sur N’Djamena pour renverser le régime d’Idriss Déby Itno. Faut-il y voir une volonté de court-circuiter la procédure entamée à Dakar sous l’égide de l’Union africaine, ou un simple règlement de comptes mal préparé ? Les avocats de l’ex-dictateur n’ont pas tardé à réagir, indiquant dès le 22 août que leur client « ne pouvait pas être rejugé au Sénégal ». Au grand dam du ministre sénégalais de la Justice, Madické Niang, contraint de préciser que « Habré a été jugé à N’Djamena pour des faits différents de ceux pour lesquels il est poursuivi à Dakar ». Sans réussir à stopper l’offensive des défenseurs d’Hissein Habré. De source proche de l’ancien président, ce dernier s’apprêterait même à rompre le silence que lui impose son statut de réfugié politique, et qu’il observe depuis son arrivée au Sénégal, il y a dix-huit ans.

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