Tunisie : Moody’s abaisse la note souveraine de B1 à B2

L’agence de notation Moody’s a baissé ce jeudi la note souveraine de la Tunisie, justifiant sa décision par la dégradation de la situation des finances publiques et des déséquilibres externes persistants.

Des dinars tunisiens © Vincent Fournier pour JA

Des dinars tunisiens © Vincent Fournier pour JA

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Publié le 15 mars 2018 Lecture : 2 minutes.

Moody’s a dégradé ce jeudi 15 mars la note souveraine de la Tunisie, passant ainsi de B1 à B2. L’agence justifie cet abaissement par la dégradation de la situation budgétaire et des déséquilibres externes persistants.

Dégradation de la situation budgétaire

Sur le plan des finances publiques, « une augmentation graduelle de la dette publique, à partir d’un niveau déjà élevé, le renchérissement du coût de la dette, des risques liés au passif éventuel et une structure d’endettement qui rend la Tunisie vulnérable à un changement dans la volonté des créditeurs étrangers de financer ses besoins de financement contribuent à un affaiblissement de la situation budgétaire », annonce ainsi Moody’s dans son communiqué.

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L’agence prévoit que la dette publique tunisienne atteindra un sommet en 2019 à 73 % du PIB, contre 70,2 % en 2017 et 61,9 % en 2016. Ces projections sont basées sur l’hypothèse que le déficit public va se réduire graduellement grâce au budget 2018 approuvé à 4,9 % du PIB en 2018, puis à 4,6 % en 2019, après 6,1 % en 2016. Le budget 2018 a introduit une augmentation de 1 % du taux de TVA et un contrôle de la facture salariale, avec pour objectif de la faire passer de 14,7 % du PIB en 2017 à 14,2 % en 2018.

La dette tunisienne reste également exposée au risque d’une prise en charge de l’endettement des entreprises publiques par le gouvernement. Ces entités publiques, qui comptent pour 13 % du PIB, continuent à réaliser des pertes et restent dépendantes de transferts budgétaires qui atteignent 2 à 2,5 % du PIB.

Enfin, avec plus de 65 % de la dette en devise, la trajectoire de la dette est sensible à une dépréciation marquée du dinar. Le marché domestique de la dette étant limité, la Tunisie est dépendante des financements extérieurs – qu’ils soient des bailleurs internationaux ou des marchés financiers – pour couvrir ses besoins de financement. En conséquence d’un recours accru aux marchés financiers, le ratio entre la charge d’intérêt et les recettes publiques devrait passer de 9,4 % en 2017 à 11,5 %, selon les prévisions réalisées par Moody’s.

Des déséquilibres extérieurs persistants

Le déficit du compte courant a continué à se dégrader, passant de 8,8 % du PIB en 2016, à 10,4 % en 2017. Les réserves de change ont été réduites à 78 jours d’importation en mars 2018, tandis que la dette extérieure s’est accrue de 68,6 % en 2016 à plus de 80 % en 2017.

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Moody’s n’anticipe qu’une réduction graduelle du déficit du compte courant, qui attendra 9,5 % du PIB en 2018, puis 8,3 % en 2019, soutenu par une demande extérieure plus importante, avec de meilleures perspectives dans le domaine touristique, et renforcé par la dépréciation du dinar. Cependant, un déficit dans le domaine énergétique, couplé à une baisse des parts de marché au niveau mondial dans le domaine du phosphate empêche une réduction rapide du déficit courant.

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