Zimbabwe : Robert Mugabe qualifie son départ de « coup d’État »

L’ex-président du Zimbabwe Robert Mugabe a mis fin jeudi au silence qu’il respectait depuis sa démission en novembre sous la pression de l’armée et de son parti, déplorant avoir été la victime d’un « coup d’État ». Il assure toutefois « ne pas vouloir être président » à nouveau.

Le président Robert Mugabe lors d’un discours à Masvingo, en décembre 2016. © Tsvangirayi Mukwazhi/AP/SIPA

Le président Robert Mugabe lors d’un discours à Masvingo, en décembre 2016. © Tsvangirayi Mukwazhi/AP/SIPA

Publié le 16 mars 2018 Lecture : 2 minutes.

« Je dis que c’était un coup d’État, (même si) certains ont refusé de l’appeler un coup d’État », a déclaré d’une voix fatiguée Robert Mugabe, dans ce tout premier entretien télévisé diffusé par la chaîne publique sud-africaine SABC jeudi 15 mars.

Après 37 ans à la tête du Zimbabwe, Robert Mugabe a été contraint de démissionner le 21 novembre 2017, lâché par l’armée, son parti au pouvoir, la Zanu-PF, et la rue.

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« C’était vraiment un renversement par l’armée. Il n’y a eu aucun mouvement visible jusqu’à ce que l’opération soit autorisée par l’armée », a insisté Robert Mugabe, qui s’exprimait depuis sa résidence privée de la capitale zimbabwéenne, Harare.

« Nous devons effacer cette honte que nous nous sommes imposée à nous-mêmes », a-t-il poursuivi, assis derrière un bureau sous son portrait et celui de son épouse.

Dans une autre interview, à la chaîne britannique ITV News, l’ancien chef de l’État affirme toutefois ne pas avoir l’envie de revenir au pouvoir.

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« Je ne veux pas être président. Non bien sûr », dit-il, ajoutant: « J’ai maintenant 94 ans ».

« Pas de haine pour Emmerson »

Dans les deux entretiens, Robert Mugabe dit ne pas en vouloir à son ancien vice-président, Emmerson Mnangagwa, qui lui a succédé, mais il estime qu’il a « trahi toute la nation ».

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« Je n’ai pas de haine pour Emmerson [Mnangagwa, ndlr] », mais « il n’est pas convenable à sa place, il n’est pas légal », a poursuivi le nonagénaire.

Jusqu’à cette première sortie médiatique, Robert Mugabe était resté extrêmement discret, reclu dans sa résidence.

L’entretien intervient à quelques mois des élections générales, annoncées par Emmerson Mnangagwa avant juillet.

« Sa sortie est parfaitement calculée », a commenté l’analyste Gideon Chitanga, du centre de réflexion Political Economy Southern Africa de Johannesburg. « Elle va continuer à saper la légitimité du gouvernement Mnangagwa ».

« D’accord pour discuter »

Son apparition sur une photo le 7 mars, aux côtés de l’ex-général Ambrose Mutinhiri, candidat déclaré à la présidentielle, a même nourri les plus folles rumeurs sur son éventuel retour en politique.

Ambrose Mutinhiri vient de claquer la porte de la Zanu-PF au pouvoir et a créé un nouveau parti, le Front national patriotique (NFP).

Le président Emmerson Mnangagwa, patron de la Zanu-PF et lui aussi en campagne pour la présidentielle, a reconnu qu’« il y avait un problème avec l’ancien président ».

Robert Mugabe s’est plu jeudi à entretenir le trouble en tendant la main à son successeur. « Si pour corriger cette illégalité il veut discuter avec moi », a-t-il offert. « Je suis d’accord pour discuter, pour aider à ce processus », a proposé Robert Mugabe, « mais je dois être invité formellement à cette discussion ».

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