Maroc : le Mouvement populaire entame sa mue sans Mohand Laenser

Mohand Laenser, ténor politique et secrétaire général de Mouvement populaire (MP) depuis 1986, va passer le relais en septembre prochain. Au sein du parti, certains aiguisent d’ores et déjà leurs armes pour lui succéder.

Mohand Laenser a été élu le 29 septembre 2018 pour la neuvième fois à la tête du Mouvement populaire. © Hassan Ouazzani pour JA

Mohand Laenser a été élu le 29 septembre 2018 pour la neuvième fois à la tête du Mouvement populaire. © Hassan Ouazzani pour JA

ProfilAuteur_NadiaLamlili

Publié le 16 mars 2018 Lecture : 3 minutes.

Après 32 ans passés à la tête du Mouvement populaire (MP), Mohand Laenser jette l’éponge. Le secrétaire général de ce parti, arrivé cinquième aux législatives de 2016, a annoncé son intention de ne pas briguer un nouveau mandat de secrétaire général lors du Congrès national du parti, prévu en septembre. « Ça y est, j’ai donné ce que j’avais à donner à ce parti. Il y a suffisamment de personnes pour prendre la relève. Je laisse le changement opérer », déclare-t-il ainsi à Jeune Afrique.

Un des doyens de la vie politique marocaine cède sa place de « zaim », mais ne disparaît pas totalement de la scène politique. À part sa casquette de chef de parti, celui que la classe politique surnomme « le sphinx », en raison de son visage impassible et ses mots triés sur le volet, est président de la région Fès-Meknès, fief historique de son parti. Il a été porté à la tête de cette région à l’issue des élections locales de 2015, qui l’ont encore une fois sacré maître incontesté de son village natal, Immouzzer Marmoucha, une bourgade amazighe dans le Moyen Atlas, où il se fait élire depuis 1983.

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Hassad, Ouzzine, Moubdii… et les autres

Son départ annoncé – les statuts du parti ont été amendés il y a quelques années pour empêcher un troisième mandat – a été salué par ses collègues du MP, dont certains aiguisent d’ores et déjà leurs armes pour lui succéder. Selon nos sources au sein du parti, la bataille sera particulièrement vive entre Mohamed Hassad, ancien ministre de l’Intérieur et de l’Éducation nationale – limogé par le roi en octobre suite à un rapport d’audit sur le retard d’exécution des projets de développement dans le Rif -, l’ancien ministre des Sports, Mohamed Ouzzine, et le chef du groupe parlementaire du parti, également ancien ministre, Mohamed Moubdii.

L’ère des zaims est révolu », confie un membre du parti

Mais d’autres personnes pourraient sortir du bois, confie-t-on. « L’ère des zaims est révolu. Le mouvement populaire a besoin d’un secrétaire général qui va retrousser les manches », estime Hicham Fikri, secrétaire général de la jeunesse du parti, qui ne manque pas de « saluer le travail extraordinaire accompli par Mohand Laenser ».

Il était une fois Aherdane

Historiquement lié au monde rural et aux régions berbérophones, le parti de l’épi – son emblème – a toujours été qualifié de « complément des majorités gouvernementales », malgré son histoire qui date de l’indépendance du Maroc. Créé en 1957 par Mahjoubi Aherdane, un des ténors du nationalisme marocain, pour porter la voix des berbères – mais aussi pour contrer la voix du parti de l’Istiqlal -,  le Mouvement populaire a toujours su conserver de solides attaches avec le régime.

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Les relations entre Aherdane et le Palais n’étaient, certes, pas un long fleuve tranquille. Mais elles se sont définitivement stabilisées lorsque Mohand Laenser a renversé son mentor en 1986 pour prendre la direction du parti.

Nous allons rester un parti modéré, de centre droit ancré dans les valeurs nationales », rappelle Laenser

Depuis, le nouveau chef des harakis s’est promené dans tous les gouvernements du Maroc, chapeautant successivement les ministères de la Poste et des Télécommunications, de l’Agriculture, l’Intérieur, l’Urbanisme et l’Habitat et enfin, la Jeunesse et les Sports, qu’il a quitté en 2015. Sans lui, le parti ouvre une nouvelle page de son histoire. « Mais nous allons rester un parti modéré, de centre droit ancré dans les valeurs nationales », rappelle Laenser.

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Le ton du changement

La transformation qui a lieu actuellement au sein du Rassemblement national des indépendants (RNI), son partenaire à la fois idéologique et politique – ils sont tous les deux membres de la majorité gouvernementale – ne semble pas non plus le pousser à changer.

Depuis plusieurs mois, le secrétaire général du RNI, Aziz Akhannouch, prépare son parti à décrocher la première place aux législatives de 2021. Il l’a doté d’une nouvelle offre politique qui a l’allure d’un programme de gouvernement.

Les harakis ne sont pas encore dans cette dynamique. En tout cas, pas tant que l’identité du nouveau secrétaire général n’est pas connu. C’est lui qui donnera le ton du changement.

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