Tunisie : le bassin minier de Gafsa théâtre d’affrontements entre police et manifestants
Week-end sous haute tension dans la région minière de Gafsa en Tunisie : après un conseil ministériel dont les annonces ont été jugées insuffisantes, plusieurs personnes ont manifesté et bloqué les routes en signe de protestation. Des actions qui ont suscité l’intervention musclée des forces policières.
Nouveau rebondissement dans le bras de fer qui oppose le gouvernement et la population dans le bassin minier de Gafsa, à Mdhilla plus précisément : la police tunisienne a fait usage dimanche de gaz lacrymogènes pour riposter aux jets de pierres de certains manifestants réclamant emplois et développement de cette région du centre du pays, a rapporté un correspondant de l’Agence France Presse (AFP).
Des dizaines de jeunes hommes et femmes étaient venus manifester. « Travail, liberté, dignité nationale », ont-ils scandé, en exigeant qu’un quota des revenus du phosphate produit dans la région soit affecté à son développement.
Une action gouvernementale jugée insuffisante
Les tensions ont commencé dès vendredi à la suite d’un conseil ministériel tenu dans la région de Gafsa en présence notamment du ministre des Finances Ridha Chalghoum, qui avait été organisé pour répondre aux accusation de nombreux habitants selon lesquels l’Etat est « absent ».
Mais les mesures annoncées à l’issue de cette réunion, comme la construction d’une centrale électrique, ont été jugées insuffisantes par les protestataires.
Samedi soir, les protestataires ont bloqué des rails pour empêcher le transport de phosphate, et la police a tiré des grenades lacrymogènes pour les disperser.
Des mouvements sociaux récurrents
La Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG) est l’un des principaux producteurs de phosphate au monde. Elle compte plusieurs sites, principalement à Metlaoui, Redeyef, Om Laârayes et Mdhilla.
Malgré la richesse de son sous-sol, la région de Gafsa reste l’une des plus pauvres du pays. Son taux de chômage s’élève à près de 28 %, contre une moyenne nationale de 15 %.
Manifestations et mouvements sociaux sont récurrents, et la production de phosphate, secteur-clé pour l’économie tunisienne, vient de reprendre lentement après un blocage de près de six semaines.
Le bassin avait été paralysé par des actions de blocage menées par des chômeurs qui avaient été refusés à un grand concours organisé par la CPG, visant à recruter de nouveaux salariés.
>>> A LIRE – Tunisie : Gafsa, éternelle poudrière
La CPG a pourtant augmenté ses effectifs depuis la révolution de 2011, passant de 5 588 à 6 682 employés en 2015. Quelque 1 600 emplois ont été créés pour le transport minier et quelque 4 700 agents ont été recrutés par la Société de l’Environnement affiliée à la CPG, selon une étude effectuée par l’Institut Arabe des chefs d’entreprises (IACE).
En 2008 déjà, de jeunes chômeurs avait occupé le siège régional de l’UGTT à Redeyef, jugeant les résultats de ce même concours douteux. Des dirigeants de l’UGTT avaient alors été accusés de complicité avec le système de Ben Ali. Pour certains observateurs, cette grève signifiait le point de commencement de la révolution tunisienne.
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