Maroc : le courant « Kadimoune » dénonce la « dérive droitière » au PPS

Un courant qui se veut « réformateur » se positionne contre la réélection, en mai prochain, de l’actuel secrétaire général, Nabil Benabdellah. Ce dernier dénonce des manœuvres personnelles de ses opposants.

Nabil Benabdallah, secrétaire général du Parti progrès et socialisme (PPS) s’est allié au PJD d’Abdelilah Benkirane en vue de gagner les législatives du 7 octobre 2016. © Capture d’écran YouTube

Nabil Benabdallah, secrétaire général du Parti progrès et socialisme (PPS) s’est allié au PJD d’Abdelilah Benkirane en vue de gagner les législatives du 7 octobre 2016. © Capture d’écran YouTube

ProfilAuteur_NadiaLamlili

Publié le 19 mars 2018 Lecture : 3 minutes.

À quelques semaines de son 10ème congrès national, prévu les 11 et 12 mai à Bouznika, le Parti du progrès et du socialisme (PPS, ancien parti communiste) est traversé par une petite fronde. Son nom: « Kadimoune »- en français, « on arrive »-, un groupe opposé à la politique du secrétaire général actuel, Nabil Benabdellah. Il dénonce « la dérive droitière » du PPS, entamée, selon lui, « depuis son alliance avec les islamistes au pouvoir en 2011 ».

« Depuis cette malheureuse alliance, le PPS est en déperdition. La direction actuelle a dénaturé notre ADN de défenseurs de la lutte ouvrière en cautionnant une politique islamiste rétrograde », déclare Hassan Benkabli, coordinateur de ce courant – qui affirme avoir élu un bureau de 19 personnes, le 4 mars – et également membre du Comité central du parti.

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« Je mets M. Benkabli au défi de trouver un autre membre de ce Comité central – le Parlement du parti – qui le soutient dans son agitation. Si j’avais senti qu’il y avait la moindre réserve contre moi, je vous jure que j’aurai rendu le tablier depuis longtemps », riposte Nabil Benabdellah. Il accuse son adversaire de vouloir se chercher « une virginité politique » après « un parcours pas spécialement reluisant ». « Et pour montrer le paradoxe de ce monsieur, il a toujours voté les alliances gouvernementales du parti qu’il commence maintenant à critiquer », ajoute le secrétaire général.

Bataille d’accusations

Ce mardi 20 mars, Benabdellah organise une conférence de presse à Rabat pour annoncer les préparatifs du prochain Congrès et s’exprimer sur ce qu’il appelle « un non-enjeu ». Dénonçant leur exclusion de ce grand meeting, les membres de « Kadimoune » – recrutés au sein de la base militante d’après leur coordinateur – accusent Nabil Benabdellah de « se préparer un Congrès sur mesure pour décrocher un troisième mandat ».

Ce à quoi l’intéressé répond, sarcastique : « Je n’ai pas encore pris la décision de me présenter, mais rien ne m’empêchera de le faire en vertu des statuts. » En 2014, le parti a bel et bien amendé sa loi interne pour limiter le secrétariat général à deux mandats successifs. Mais cette loi n’a pas un effet rétroactif. Élu à la tête de son parti en 2010, Benabdellah a le droit de se représenter une nouvelle fois.

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Le parti du livre – son emblème – est un habitué des petites querelles internes. Au début des années 2000, Simon Lévy, un des fondateurs du parti, a créé un courant pour réaligner sa formation sur ses « vraies valeurs de gauche ». Appelée « Lazilna âla Attarik » (« Nous sommes toujours sur le chemin »), cette initiative est retombée depuis le décès de son créateur en 2011, mais semble inspirer les membres de « Kadimoune » qui s’inscrivent dans la même lignée.

L’alliance de tous les problèmes 

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Malgré son assise composée d’intellectuels et de pointures de gauche, le PPS a toujours été le petit poucet des partis politiques marocains, celui à qui on fait appel pour compléter les majorités gouvernementales. Arrivé huitième à l’issue des élections législatives de 2016, il a accepté une nouvelle fois de s’allier avec le PJD après avoir été à leurs côtés en 2011. Une alliance qui lui a attiré les foudres du Palais. En septembre 2016, un communiqué acerbe du cabinet royal lui a reproché ses propos à peine masqués contre le conseiller royal, Fouad Ali El Himma, qu’il avait accusé d’autoritarisme.

Un an après, le 24 octobre 2017, le parti a subi de plein fouet la colère royale dans le sillage des contestations du Rif. Deux de ses ministres en fonction – en plus d’un autre ayant figuré dans le gouvernement précédent – avaient été limogés par le roi.

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