Maroc : le courant « Kadimoune » dénonce la « dérive droitière » au PPS
Un courant qui se veut « réformateur » se positionne contre la réélection, en mai prochain, de l’actuel secrétaire général, Nabil Benabdellah. Ce dernier dénonce des manœuvres personnelles de ses opposants.
À quelques semaines de son 10ème congrès national, prévu les 11 et 12 mai à Bouznika, le Parti du progrès et du socialisme (PPS, ancien parti communiste) est traversé par une petite fronde. Son nom: « Kadimoune »- en français, « on arrive »-, un groupe opposé à la politique du secrétaire général actuel, Nabil Benabdellah. Il dénonce « la dérive droitière » du PPS, entamée, selon lui, « depuis son alliance avec les islamistes au pouvoir en 2011 ».
« Depuis cette malheureuse alliance, le PPS est en déperdition. La direction actuelle a dénaturé notre ADN de défenseurs de la lutte ouvrière en cautionnant une politique islamiste rétrograde », déclare Hassan Benkabli, coordinateur de ce courant – qui affirme avoir élu un bureau de 19 personnes, le 4 mars – et également membre du Comité central du parti.
« Je mets M. Benkabli au défi de trouver un autre membre de ce Comité central – le Parlement du parti – qui le soutient dans son agitation. Si j’avais senti qu’il y avait la moindre réserve contre moi, je vous jure que j’aurai rendu le tablier depuis longtemps », riposte Nabil Benabdellah. Il accuse son adversaire de vouloir se chercher « une virginité politique » après « un parcours pas spécialement reluisant ». « Et pour montrer le paradoxe de ce monsieur, il a toujours voté les alliances gouvernementales du parti qu’il commence maintenant à critiquer », ajoute le secrétaire général.
Bataille d’accusations
Ce mardi 20 mars, Benabdellah organise une conférence de presse à Rabat pour annoncer les préparatifs du prochain Congrès et s’exprimer sur ce qu’il appelle « un non-enjeu ». Dénonçant leur exclusion de ce grand meeting, les membres de « Kadimoune » – recrutés au sein de la base militante d’après leur coordinateur – accusent Nabil Benabdellah de « se préparer un Congrès sur mesure pour décrocher un troisième mandat ».
Ce à quoi l’intéressé répond, sarcastique : « Je n’ai pas encore pris la décision de me présenter, mais rien ne m’empêchera de le faire en vertu des statuts. » En 2014, le parti a bel et bien amendé sa loi interne pour limiter le secrétariat général à deux mandats successifs. Mais cette loi n’a pas un effet rétroactif. Élu à la tête de son parti en 2010, Benabdellah a le droit de se représenter une nouvelle fois.
Le parti du livre – son emblème – est un habitué des petites querelles internes. Au début des années 2000, Simon Lévy, un des fondateurs du parti, a créé un courant pour réaligner sa formation sur ses « vraies valeurs de gauche ». Appelée « Lazilna âla Attarik » (« Nous sommes toujours sur le chemin »), cette initiative est retombée depuis le décès de son créateur en 2011, mais semble inspirer les membres de « Kadimoune » qui s’inscrivent dans la même lignée.
L’alliance de tous les problèmes
Malgré son assise composée d’intellectuels et de pointures de gauche, le PPS a toujours été le petit poucet des partis politiques marocains, celui à qui on fait appel pour compléter les majorités gouvernementales. Arrivé huitième à l’issue des élections législatives de 2016, il a accepté une nouvelle fois de s’allier avec le PJD après avoir été à leurs côtés en 2011. Une alliance qui lui a attiré les foudres du Palais. En septembre 2016, un communiqué acerbe du cabinet royal lui a reproché ses propos à peine masqués contre le conseiller royal, Fouad Ali El Himma, qu’il avait accusé d’autoritarisme.
Un an après, le 24 octobre 2017, le parti a subi de plein fouet la colère royale dans le sillage des contestations du Rif. Deux de ses ministres en fonction – en plus d’un autre ayant figuré dans le gouvernement précédent – avaient été limogés par le roi.
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