Tunisie : vers la fin du marché automobile parallèle ?

Avec le relèvement des droits de douane à l’importation de véhicules par les « repats » tunisiens et l’interdiction qui leur est faite de revendre ces voitures dans l’année qui suit leur mise en circulation dans le pays, le ministère tunisien des Finances s’attaque à une pratique répandue et ravit les concessionnaires.

Les concessionnaires seront les grands gagnants de cette réforme.  (Ici, showroom Citroên aux Berges du Lac, Tunis. © Ons Abid pour Jeune Afrique

Les concessionnaires seront les grands gagnants de cette réforme. (Ici, showroom Citroên aux Berges du Lac, Tunis. © Ons Abid pour Jeune Afrique

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Publié le 19 mars 2018 Lecture : 2 minutes.

Les Tunisiens résidents à l’étranger (TRE) n’ont plus le droit de vendre leur voiture dans l’année qui suit leur retour au pays. Le décret du ministère des Finances du 13 mars dernier doit mécaniquement mettre fin au marché parallèle automobile qui représentait, en 2017, plus de 24 % des ventes de véhicules légers. Selon la Chambre syndicale des concessionnaires automobiles, 90 % des voitures qui se trouvent sur le marché parallèle sont des véhicules rachetés à des TRE.

« C’est une victoire contre le marché parallèle, pour les consommateurs qui n’auront plus le risque de se retrouver avec des voitures hors d’usage et pour la loi qui va enfin être respectée », se félicite ainsi la Chambre syndicale, qui bataillait pour cette mesure depuis cinq ans. Ce dernier espère qu’elle viendra équilibrer les hausses de prix des voitures neuves.

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Forte décote

Jusqu’ici, les Tunisiens résidents à l’étranger de retour au pays pouvaient garder leur voiture acquise à l’étranger ou en acheter une sur place, en payant des droits de douane minorés : 25 % pour les véhicules essence de moins de 2 000 cm³, 30 % pour les cylindrées supérieures dans la même catégorie. Cette Facilité de changement de résidence (FCR) a rapidement fait l’objet d’un trafic, non prévu par le législateur, où les TRE revendaient aussitôt arrivés leur véhicule, généralement des grosses cylindrées neuves. Un marché de voitures estampillées FCR a donc éclos sur le marché parallèle profitant d’un tarif douanier très favorable.

Avec cette interdiction de vente de véhicules durant un an, le marché parallèle devrait entièrement disparaître. « Où est l’intérêt d’acheter une marchandise que l’on va devoir stocker douze mois avant de pouvoir la revendre ? On espère que le gouvernement va faire marche arrière, car 50 000 familles vivent de ce marché », estime un spécialiste dudit marché, qui a souhaité garder l’anonymat.

Ce dernier estime que les TRE n’auront plus d’intérêt à revendre leur voiture au bout d’un an à cause de la forte décote. De plus, le décret prévoit une hausse des taxes douanières : 35 % pour les motos, véhicules jusqu’à 2 000 cm³, les utilitaires de 2 500 cm³ au maximum. Au-delà, la taxe passe à 40 %.

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