L’œil de Glez : Al-Sissi, un homme fort sinon rien !

Le maréchal Abdel Fattah al-Sissi est-il aussi populaire que ses partisans le prétendent ? Sa réélection à la fin du mois fait en tout cas peu de doute.

L’œil de Glez. © Glez / J.A.

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Publié le 20 mars 2018 Lecture : 2 minutes.

Nicolas Sarkozy l’a déclaré, le 3 mars dernier, lors d’une conférence à Abu Dhabi : « Les démocraties détruisent tous les leaderships ». Pour l’ancien président français, les « grands hommes » de notre époque seraient ceux qui torsadent à leur guise certains principes de la démocratie : le Chinois Xi Jinping, le Saoudien Mohammed Ben Salman ou le Russe Vladimir Poutine. Ré-ré-réélu avec 74 % des suffrages exprimés, ce dernier entend opposer aux accusations internationales d’autoritarisme liberticide une popularité démontrée. Ce cocktail politique et ce scénario électoral pourraient avoir un équivalent en Afrique…

C’est du 26 au 28 mars prochain que se tient le premier tour de la quatrième élection présidentielle égyptienne. Comme son grand frère russe, le chef de l’État sortant aborde le scrutin avec une outrageuse confiance. Élu en 2014 avec 96,1 % des suffrages, le maréchal Abdel Fattah al-Sissi fait fi des suspicions et brandit une popularité qui, si elle est difficile à mesurer précisément, est impossible à dénier catégoriquement. La majorité de la population est-elle admet-elle les us autocratiques, pourvu que le tombeur du président Mohamed Morsi tienne à distance les islamistes et notamment les plus radicaux d’entre eux ? Le seul adversaire d’al-Sissi à l’élection est Moussa Mostafa Moussa, un ancien soutien du maréchal…

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Censure et complotisme

Le régime égyptien actuel ne tarde jamais à souligner, en « off », la fragilité induite par le respect des normes traditionnelles de la démocratie et, en « on », à agiter un complot étranger qui serait notamment mis en oeuvre par les organes de la presse internationale. L’Égypte occupe la 161e place (sur 180 pays) au classement mondial 2017 de la liberté de la presse de Reporters sans frontières. La restriction de la liberté d’expression est patente aussi dans le domaine artistique.

Il y a quelques jours, les autorités de la censure avaient exigé que soient supprimées cinq scènes de la pièce de théâtre Avant la révolution programmée au Downtown Contemporary Arts Festival (D-CAF). Le metteur en scène a préféré jeter l’éponge, plutôt que d’amputer la construction dramaturgique de l’œuvre. En février, c’est la chanteuse Sherine Abdel Wahab qui était condamnée à six mois de prison pour avoir plaisanté sur l’eau du Nil qui, selon elle, était susceptible de transmettre « la bilharziose ». On ne badine pas avec les symboles dans l’Égypte de Sissi.

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