Fès et Meknès, les belles rivales

Publié le 2 septembre 2008 Lecture : 3 minutes.

« Les touristes s’arrêtent au moins deux jours à Fès mais ne viennent que quelques heures à Meknès », déplore Habib, un Meknessi travaillant dans le tourisme. Moins belle pour certains, moins bien vendue aux agences de voyages pour d’autres, ou ne disposant pas suffisamment d’infrastructures touristiques, la cité impériale de Meknès ne jouit pas des mêmes faveurs que sa voisine. Elle est pourtant inscrite au patrimoine mondial de l’humanité. Ses vingt-cinq kilomètres de remparts, ses minarets et les portes de Bab el-Mansour et de Jemaa en-Nouar rappelant son prestigieux passé, Meknès abrite également l’un des rares mausolées que les non-musulmans peuvent visiter, le tombeau de Moulay Ismaïl, souverain aussi tyrannique qu’éclairé de l’époque de Louis XIV, qui s’attela à faire construire une ville grandiose durant ses cinquante-cinq années de règne. Les anciennes écuries et les greniers royaux, le Pavillon des ambassadeurs, où les sultans recevaient les diplomates étrangers, la prison des Chrétiens, geôle souterraine qui accueillit aussi bien des musulmans que des Européens capturés lors des batailles navales, sont autant de témoins d’une époque faste mais révolue.
Longtemps délaissée, la ville retrouve des couleurs. Mohammed VI a confié le chantier de sa rénovation à l’un de ses proches, le wali Hassan Aourid. En visite à Meknès au mois d’avril, le roi est venu donner un nouvel élan au programme de réhabilitation de l’ancienne médina et de développement de la ville, doté d’une enveloppe budgétaire globale de près de 300 millions de dirhams (26,4 millions d’euros). Réalisation de travaux de dallage et d’embellissement au niveau des façades et des entrées, aménagement des places et revêtement des rues, restauration des remparts et des monuments historiques, Meknès retrouve son lustre. Chaque année, elle accueille un salon international de l’agriculture au coeur de la vieille ville, à deux pas du palais royal. Poumon vert et bleu du royaume, ses alentours sont jalonnés de vignes. Bientôt, le plus grand exploitant du royaume, le patriarche Brahim Zniber, proposera sur le site de Château- Roslane un hébergement touristique de luxe.

Dynamisme et effervescence
Autant de projets qui doivent permettre de soutenir la comparaison avec Fès, l’ancienne capitale des Idrissides. Berceau des Tidjanes, Fès est l’un des centres religieux qui a compté dans l’histoire de l’Afrique. Elle garde aussi la mémoire de son passé avec son université, ses artisans et ses petits métiers. La ville compte de nombreuses mosquées, des synagogues, des mausolées, des medersas, des fondouks, des fontaines et salles d’ablutions. À l’intérieur de ses murs, où les oiseaux ont élu domicile, on trouve aussi des riads, des manufactures et ateliers d’artisans (bois, tissus), des souks. Et des odeurs fortes à l’abord de ses tanneries. Des Idrissides aux Alaouites, des Andalous aux Juifs, différentes dynasties et communautés y ont laissé leur empreinte. Ces dernières années, les autorités encouragent la restauration des monuments tels que les medersas El-Attarin ou Bou-Inania, la Magana (une horloge hydraulique unique au monde) et la bibliothèque de la mosquée El-Quaraouiyine. Les jardins du palais Batha, construit au XIXe siècle par le sultan alaouite Moulay Hassan Ier, et celui du riad Moqri, datant du début XXe siècle, ont également retrouvé leur végétation luxuriante. Aujourd’hui la médina est le principal pôle d’attraction. De quoi séduire les touristes, même si les gamins dés oeuvrés ou les marchands indélicats présentent quelques désagréments. Fès fête aujourd’hui ses 1 200 ans. De nombreuses manifestations artistiques et défilés se déroulent tout au long de l’année. La ville a notamment abrité Jazz Riad en mars, le festival de la culture soufie en avril, et celui des musiques sacrées du monde en juin.

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