« Coup d’État » manqué en Guinée équatoriale : plusieurs Français accusés par Malabo
Dominique Calace de Ferluc, Alain Juillet, Stéphane Ravion et un certain David Loucacio sont soupçonnés par la justice équato-guinéenne d’être impliqués dans le « putsch de Noël » avorté.
Un Français désigné par la justice de Guinée équatoriale comme un des acteurs du « coup d’Etat » manqué de décembre dans ce pays, a démenti toute implication, estimant que cette accusation était une « opération montée de toutes pièces ». « C’est une cabale qui est montée contre nous, une opération montée de toutes pièces. Le but aujourd’hui pour le président actuel [Teodoro Obiang Nguema] c’est d’éradiquer l’opposition en exil comme il le fait dans le pays », a déclaré Dominique Calace de Ferluc, interrogé au téléphone par l’AFP depuis Libreville.
Selon lui, le président Nguema cherche à « impliquer la France dans cette affaire » pour se venger du « contentieux des biens mal acquis » qui vise son fils Teodorin, condamné à 3 ans de prison avec sursis par la justice française en octobre 2017.
Ancien conseiller à l’ambassade
Ce qu’a démenti ce mardi l’ambassadeur de Guinée équatoriale en France, Miguel Oyono Ndong Mifumu. « Les faits sont clairs, il s’agit d’une opération de mercenaires, rien à voir avec les BMA », a-t-il expliqué lors d’une conférence de presse organisée à l’ambassade équato-guinéenne à Paris.
Mi-mars, la justice équato-guinéenne avait désigné Dominique Calace de Ferluc, mais aussi un Tchadien, Mahamat Kodo Bani, et un Centrafricain, Ahmed Yalo – « le frère d’un proche du président Faustin Archange Touadera », a précisé Miguel Oyono Ndong Mifumu -, comme les exécutants de la tentative de « coup d’État » que Malabo a affirmé avoir déjoué à Noël.
Ingénieur du son à la retraite, Dominique Calace de Ferluc avait réalisé un reportage sur la Guinée équatoriale en 2007 et y était alors resté « environ un mois ». Il affirme avoir ensuite « rencontré le président » Nguema et être devenu conseiller en communication de l’ambassade de Guinée équatoriale en France, poste dont il a été licencié il y a six ans.
Il avait notamment publié une documentation sur le pays pour laquelle « il a été rémunéré 6000 euros », a poursuivi l’ambassadeur. Contacté par Jeune Afrique, Dominique Calace de Ferluc affirme avoir entamé un recours auprès des Prud’hommes, et avoir eu gain de cause, « mais je n’ai toujours pas été payé », dit-il.
Il dit avoir commencé à se « poser des questions » sur la nature du régime de Malabo après avoir « appris qu’un opposant historique, Bonifacio Nguema Esono Nchama, avait passé 10 ans en exil et avait été invité par la présidence ». « Il a été assassiné trois semaines après son retour en Guinée équatoriale », a affirmé le Français.
Accusé d’avoir perçu 500 000 euros
Selon Malabo, Dominique Calace de Ferluc aurait reçu une avance de 500 000 euros de la part d’Équato-guinéens pour financer le coup d’État, a affirmé David Nguema Obiang, procureur général de Guinée équatoriale.
« Je me dédouane de tout financement de coup d’État » et de « tout contact avec des militaires », a cependant affirmé Calace de Ferluc à l’AFP. S’il avait reçu de l’argent, il assure que « cela aurait servi à payer des pages d’informations dans la grande presse pour informer les lecteurs sur ce qui se passe dans le pays avec photos et preuves à l’appui ».
Dominique Calace de Ferluc entend déposer à l’ONU « un dossier de crimes contre l’humanité » en Guinée équatoriale sur la base de témoignages faisant état de « 300 assassinats » et de « charniers avec 700 ou 800 » corps en Guinée équatoriale. Le tout sur une période qui date de l’arrivée au pouvoir de Teodoro Obiang Nguema en 1979.
Nous affirmons que cette tentative d’invasion de mercenaires a été préparée en France avec l’aide de Français
Deux Équato-guinéens, arrêtés à l’aéroport de Malabo début janvier, avaient été invités par Calace de Ferluc, via son association Institut social de France et de l’Union européenne. C’est notamment sur cette base que les autorités équato-guinéennes ont fait le lien entre le putsch avorté et le Français.
Miguel Oyono Ndong Mifumu a par ailleurs déclaré que trois autres Français étaient à ce jour suspectés dans l’enquête menée par la justice équato-guinéenne : Alain Juillet, Stéphane Ravion, et un certains David Loucacio.
L’ambassadeur de Guinée équatoriale en France n’a pas révélé plus d’éléments pour appuyer ces accusations. « Nous avons demandé une entraide judiciaire à la France ; nous n’accusons pas la France, mais nous affirmons que cette tentative d’invasion de mercenaires a été préparée en France avec l’aide de Français », a-t-il répété.
S’il s’agit bien de lui – l’ambassadeur n’a pas souhaiter donner plus de précisions -, Alain Juillet est un homme d’affaire passé par le service Action du Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE, ancêtre de la DGSE) dans les années 1960. Stéphane Ravion apparaît quant à lui dans une délégation de parlementaires ayant rencontré le président syrien Bachar Al Assad en 2015. Il est présenté comme un proche d’Alain Juillet.
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