Maroc : veillée d’armes à l’ONU sur le Sahara occidental

L’émissaire onusien Horst Köhler présente ce mercredi les premières conclusions de sa tournée régionale au Conseil de sécurité. Le Maroc, le Polisario et leurs cercles d’amis se préparent à une nouvelle bataille ce mois d’avril dans le dossier sur le Sahara occidental.

Horst Köhler, envoyé spécial de l’ONU pour le Sahara occidental. © ChristlichesMedienmagazinpro/CC/Flickr

Horst Köhler, envoyé spécial de l’ONU pour le Sahara occidental. © ChristlichesMedienmagazinpro/CC/Flickr

ProfilAuteur_NadiaLamlili

Publié le 21 mars 2018 Lecture : 3 minutes.

À l’approche de la réunion annuelle du Conseil de sécurité des Nations unies sur le Sahara, prévue fin avril, le dossier renoue avec sa fièvre habituelle. Ce mercredi 21 mars, l’émissaire onusien Horst Köhler doit briefer les membres du Conseil sur les résultats des consultations élargies qu’il avait entamées sur ce dossier en janvier dernier.

Rabat scrute cette réunion comme le lait sur le feu. Depuis qu’elle a vu que l’ancien président allemand avait impliqué dans ses pourparlers d’autres acteurs qui n’étaient pas spécialement acquis à sa position sur le Sahara, elle n’hésite pas à lui tirer dans les pattes, critiquant « un élargissement qui rendrait le dossier encore plus compliqué ».

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Pour Rabat, en effet, tout règlement de ce conflit historique doit respecter deux critères « fondamentaux ». Le premier, la souveraineté marocaine sur ce territoire dans le cadre d’une autonomie élargie. Le second, que seul l’ONU, et uniquement l’ONU, puisse gérer ce dossier. Exit ainsi l’Union africaine (UA), que les alliés du Polisario cherchent à faire porter le dossier – le président de la Commission, Moussa Faki Mahamat, avait lui-même assuré que sa médiation dans ce dossier se greffait ainsi sur celle de l’ONU et ne cherchait pas à s’y substituer -, l’Union européenne (UE) ou toute représentation régionale non impliquée directement dans cette question.

Une démarche « ambiguë »

Avant de rencontrer le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, à Lisbonne, début mars, Horst Köhler s’était en effet entretenu avec plusieurs responsables de l’UA (Paul Kagame, Moussa Faki Mahamat ou Smaïl Chergui) et de l’Union européenne (UE), afin de recueillir leurs sentiments sur le sujet. Mais Rabat avait aussitôt montré son agacement. Certains officiels marocains n’avaient alors pas hésité à relever l’ambiguïté de la démarche de l’émissaire onusien, estimant que ce dernier avait outrepassé ses prérogatives.

Le vœu cher de la diplomatie chérifienne est d’amener l’Algérie à la table des négociations puisque « c’est la principale partie du conflit ». Comme argument, celle-ci brandit la dernière résolution du Conseil de sécurité sur le Sahara, dans laquelle ce dernier a invité « les pays voisins à jouer un rôle dans les négociations ». Pourtant, le Conseil n’a pas affirmé que l’Algérie est l’une des parties du conflit. Il ne l’a pas exclue du dialogue non plus, requérant ses bons offices. Pour la partie marocaine, c’est une excellente carte à jouer pour signifier à tous qu’aucune solution n’est possible sans Alger.

La parenthèse suédoise

Mais Rabat broya encore du noir lorsque Horst Köhler se rendit à Stockholm le 17 mars dernier pour parler du Sahara occidental avec la ministre des Affaires étrangères, Margot Wallström. Or, avec ce pays, largement acquis aux thèses indépendantistes, le Maroc a déjà eu un grand différend.

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En septembre 2015, en effet, la grande bâtisse de l’avenue Roosevelt à Rabat – siège du ministère des Affaires étrangères marocain – avait vacillé lorsque des députés suédois, battant pavillon du Parti social-démocrate des travailleurs (PSD, gauche radicale) au pouvoir, avaient annoncé leur intention de présenter une proposition de loi visant à reconnaître la République arabe sahraouie démocratique (RASD).

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En colère, Rabat avait alors bloqué l’inauguration de la première usine Ikea au Maroc et dépêché une délégation de partis politiques chaperonnée par la pasionaria de la gauche radicale, Nabila Mounib, afin de dissuader leurs camarades suédois. Il y avait alors péril en la demeure. Le vent de fronde menaçait en effet de gagner d’autres pays de l’Europe du Nord. Le 15 janvier 2016, la contre-offensive marocaine avait finalement porté ses fruits puisque la ministre suédoise, Margot Wallström, avait assuré que son gouvernement n’avait pas l’intention de reconnaître le Sahara occidental. Depuis, cette proposition de loi n’a plus été mise sur le tapis.

Le show sahraoui

Dans l’enceinte onusienne, les protagonistes des deux clans se retroussent les manches pour une nouvelle bataille saharienne. En attendant, le Polisario tente par tous les moyens d’attaquer les accords internationaux du Maroc qui impliquent le Sahara.

>>> A LIRE – Union africaine : le Maroc obtient l’amendement des passages sur le Sahara occidental

Ce mardi 20 mars, il a ainsi affirmé avoir mis aux enchères la vente d’une cargaison de 44 000 tonnes de phosphates arraisonnées au large du Port Elizabeth en Afrique du Sud, conformément à une décision de justice. Mais trouvera-t-il un acquéreur pour cette cargaison hautement politique ?

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