Ecobank, ou le pari du capitalisme africain

Publié le 2 septembre 2008 Lecture : 3 minutes.

Plus de cinq cents personnes mobilisées dans vingt-cinq pays africains pour enregistrer les souscriptionsÂÂ Trente courtiers en Bourse travaillant exclusivement sur ce dossier au NigeriaÂÂ Trois centres d’appels fonctionnant vingt-quatre heures sur vingt-quatre en liaisons avec les places de Lagos, Accra et AbidjanÂÂ Indiscutablement, Ecobank s’est donné les moyens de réussir la plus grosse opération boursière jamais lancée sur le continent.
Le groupe bancaire met sur le marché plus de 8,8 millions d’actions pour un montant total de 2,5 milliards de dollars. Il vise en priorité le public, qui se voit proposer 5,1 millions d’actions au prix de 0,29 dollar l’unité, soit une décote de 12,5 % par rapport au cours actuel. Parallèlement, 3,7 millions de titres sont proposés aux actionnaires existants à 0,27 dollar l’unité. Lancée le 25 août, l’offre sera close le 3 octobre.

Abidjan, Accra, Lagos
Outre l’importance des montants en jeu, cette augmentation de capital ­présente une caractéristique sans précédent dans l’économie ouest-africaine : elle est traitée simultanément par les Bourses d’Abidjan, Accra et Lagos. Ce qui permet à Ecobank, en plus de toucher un très vaste public, d’assortir la souscription d’avantages inédits. Ainsi, les actions – de même, si tout va bien, que les dividendes afférents – sont libellées en dollars américains, donc intégralement et à tout moment convertibles dans n’importe quelle devise. Aucune crainte non plus en ce qui concerne une éventuelle crise sur l’une ou l’autre des places boursières, puisque l’action Ecobank est valable sur les trois : achetée à Abidjan, elle peut être ultérieurement revendue à Accra ou Lagos.
Ajoutés aux performances affichées par le groupe – un total de bilan en hausse de 85 % en 2007, à 6,5 milliards de dollars, et un résultat net en progression de 61 % -, ces arguments ont apparemment tout pour séduire. « Même s’il est encore trop tôt pour tirer un bilan, je suis, à en juger par le nombre de demandes de renseignements que nous avons reçues, y compris de la part de particuliers, très optimiste », se réjouit Michael Ashong, directeur général d’Ecobank Development Corporation (EDC), la banque d’affaires du groupe. Pilote de l’opération, il est en liaison directe avec les cinq cents employés chargés d’enregistrer les souscriptions dans les vingt-cinq pays où le groupe est présent. « Nous sentons un réel engouement, explique de son côté Marie Odile Sene Kantoussan, directrice générale de CGF Bourse, à Dakar. Nous avons eu beaucoup de visites d’épargnants intéressés, alors qu’ils n’ont pas l’habitude de gérer des portefeuilles d’actions. Il faut dire qu’Ecobank est réputée. C’est une belle marque. »
Créée en 1988 par les présidents de chambres de commerce ouest-africaines – francophones comme anglophones – désireuses de proposer une alternative aux géants bancaires internationaux, Ecobank pointe aujourd’hui en cinquième position (pour l’Afrique de l’Ouest) dans la dernière édition du classement des deux cents premières banques africaines établi par Jeune Afrique (les neuf autres premières places sont trustées par les banques du Nigeria).

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Londres, Paris, Pékin
Sous l’impulsion d’Arnold Ekpe, son directeur général, le groupe poursuit depuis trois ans une vaste stratégie d’expansion. Il était présent dans cinq pays deux ans après sa création, il l’était dans vingt pays à la fin de 2007 et essaime peu à peu en Afrique centrale et orientale.
Pour Ekpe, l’objectif à terme est de s’implanter dans trente-quatre pays du continent et d’ouvrir des bureaux de représentation dans les places financières internationales qui entretiennent des liens avec l’Afrique, comme Londres, Paris, Dubaï et Pékin. L’augmentation de capital récemment lancée est l’un des moyens pour y parvenir. Reste à savoir si les épargnants africains répondront à l’appel des fondateurs d’Ecobank. Y compris en terres francophones. « Nous espérons que cette opération permettra véritablement de lancer l’actionnariat populaire dans cette région encore très en retard par rapport aux pays anglo-saxons », conclut Marie Odile Sene Kantoussan. Réponse le 3 octobre.

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