Censure à Alexandrie
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Décidément, les artistes marocains dérangent en Égypte. En janvier dernier, de nombreux ouvrages avaient été bannis de la Foire du livre du Caire. Parmi eux, plusieurs des romans de Mohamed Choukri, auteur de l’inoubliable Pain nu – texte d’une certaine crudité, il est vrai, et interdit dans plusieurs autres pays arabes.
Les cinéastes ne sont pas mieux lotis. Whatever Lola Wants, de Nabil Ayouch, devait ouvrir le Festival d’Alexandrie (26-31 août) : il a été déprogrammé au dernier moment. Officiellement parce que ce film, qui relate les aventures d’une jeune Américaine, Lola, devenue une star de la danse orientale au Caire, a déjà été maintes fois projeté ; en réalité parce que les Égyptiens n’aiment pas l’image d’eux qu’il leur renvoie : deux des personnages sont dépeints comme des lâches, tandis que le meilleur ami de la danseuse est homosexuel. Cette censure qui ne dit pas son nom est d’autant plus étonnante que le festival rendait cette année hommage aux cinquante ans du cinéma marocain. En signe de protestation, le réalisateur Latif Lahlou a retiré de la compétition son long-métrage, Les Jardins de Samira.
Par-delà ces mésaventures, le cinéma marocain continue de se distinguer par sa liberté de ton. En 2005, Marock, de Laïla Marrakchi, avait suscité de vives polémiques. Non seulement le film montre une facette mal connue du royaume en décrivant les frasques d’une jeunesse dorée insouciante et frivole, mais il met en scène une relation amoureuse entre une musulmane et un juif, thème ô combien délicat. Il n’a pas été censuré pour autant.
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