Une victoire sur le sida

Publié le 1 décembre 2003 Lecture : 3 minutes.

L’Afrique du Sud a fait un grand pas en avant dans la lutte contre le sida, avec une initiative qui peut aider le monde à vaincre définitivement la pandémie.
La décision prise le 19 novembre par le gouvernement de Pretoria de mettre en oeuvre un programme national de traitement des personnes vivant avec le VIH-sida est un événement capital pour un pays qui a l’un des taux d’infection les plus élevés du monde. Dans le cadre du nouveau programme de traitement élaboré par le ministère de la Santé avec l’appui de ma fondation, près de 1,4 million de Sud-Africains devraient recevoir des soins qui prolongeront leur vie pendant des années.
Trois obstacles doivent être surmontés pour que le programme national de traitement puisse être mis en oeuvre. D’abord, le prix des antirétroviraux (ARV) doit être abordable. Ma fondation a récemment annoncé qu’un accord avait été conclu avec quatre fabricants de médicaments génériques pour réduire considérablement le prix des ARV et le ramener à 36-38 cents par jour, contre des milliers de dollars par personne et par an dans le monde développé. La décision de l’Afrique du Sud de procéder elle-même à l’achat d’une grande quantité d’ARV facilitera de nouvelles réductions. Lorsque le traitement progressera en Afrique du Sud et ailleurs, d’autres réductions seront encore possibles.
Parmi les droits garantis au peuple sud-africain par la Constitution postapartheid figure le droit à un accès égal aux soins. Cela signifie qu’un programme de traitement du sida ne peut pas débuter par un petit projet « pilote », ou être mis en oeuvre dans une seule communauté avant d’être étendu aux autres. Bien qu’à court terme une distribution progressive sur une petite échelle puisse permettre de faire des économies, elle peut donner aussi une impression de favoritisme, selon les personnes ou les endroits qui auront été choisis pour bénéficier en premier du traitement.
Le programme de traitement du sida prévoit une distribution des médicaments antirétroviraux à l’échelle nationale, pour les riches comme pour les pauvres. C’est un problème logistique plus difficile, mais cela permettra de sauver davantage de vies à court et à long terme, avec des avantages économiques, sociaux et sécuritaires importants pour améliorer le système de santé dans son ensemble, en particulier dans les régions historiquement délaissées. Dans ces conditions, on peut aussi espérer des progrès dans la lutte contre d’autres maladies, telles que le paludisme.
Ces obstacles surmontés, d’autres demeurent. La création d’un système de traitement national exige une surveillance attentive de l’administration des médicaments, un suivi et un contrôle systématiques des patients, un grand effort de mobilisation de la communauté et de nombreux services annexes. Ce programme reste coûteux, même avec la baisse du prix des médicaments. L’Afrique du Sud s’est engagée à le financer elle-même sur son budget national pour être sûre qu’il ira à son terme.

Mais ce long parcours est maintenant entamé, avec un très grand pas en avant. Grâce au courage et à l’engagement de Thabo Mbeki, l’Afrique du Sud sera le premier grand pays connaissant une forte prévalence d’infection par le VIH à mettre en uvre un programme global de traitement du sida. Le gouvernement et le peuple d’Afrique du Sud seront en mesure de faire baisser le taux de mortalité et de morbidité causées par le sida, ainsi que le nombre d’infections nouvelles. Et leur expérience constituera une leçon précieuse et même un modèle pour d’autres grands pays, comme l’Inde et la Chine, lorsqu’ils s’engageront sur cette voie très importante.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires