Gabon : à quoi sert le Sénat ?

Malgrè la décision du gouvernement de réduire le nombre de sénateur, qui passent de 102 à 52, plusieurs voix continuent d’en réclamer la suppression pure et simple. A quoi sert cette institution ?

Le Palais Omar Bongo, siège du Sénat, à Libreville. © Wikimedia Commons

Le Palais Omar Bongo, siège du Sénat, à Libreville. © Wikimedia Commons

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  • Georges Dougueli

    Journaliste spécialisé sur l’Afrique subsaharienne, il s’occupe particulièrement de l’Afrique centrale, de l’Union africaine et de la diversité en France. Il se passionne notamment pour les grands reportages et les coulisses de la politique.

Publié le 4 avril 2018 Lecture : 2 minutes.

Le centre ville de Libreville (Gabon), le 22 août 2013 © David Ignaszewski pour Jeune Afrique
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Le Gabon d’après

Depuis 2016, entre la contestation des résultats de la présidentielle et la croissance atone, le climat était pesant. Enfin la relance s’amorce, et une partie de l’opposition accepte de dialoguer avant les législatives. Assez pour reprendre confiance ?

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Analyse. Le 23 février, le gouvernement a décidé de réduire le nombre de sénateurs de 102 à 52. Certains, parmi lesquels des sénateurs, voulaient purement et simplement supprimer la seconde chambre. « Son existence ne se justifie pas dans un pays comme le nôtre. Cette institution, dont la vocation première est de représenter les collectivités locales et de défendre leurs intérêts, n’a jamais daigné faire de la décentralisation son cheval de bataille, alors qu’elle a adopté une loi qui y est relative. N’est-ce pas là une preuve de son inutilité ? » interroge son vice-président, l’opposant Jean-Christophe Owono Nguema.

Un sénateur proche du pouvoir pense lui aussi que, dans un système jacobin, nul besoin de bicaméralisme. « C’est une émanation anglo-saxonne plus adaptée aux États fédéraux, dit-il. Dans un système centralisé, il ne sert à rien. Si on le supprimait, personne ne s’en rendrait compte. Mieux, les lois seraient votées plus vite et on économiserait de l’argent public. »

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Le « pays profond » surreprésenté ou La voix du « pays profond »

D’autres estiment que le Sénat est nécessaire, car il représente le pays profond, par opposition à une caste de privilégiés qui en sont coupés. Pourtant, selon un politologue, le système actuel est injuste car il privilégie la représentation des provinces comportant beaucoup de départements, sans rapport avec la densité de leur population. Ainsi, le Haut-Ogooué, moins peuplé que l’Estuaire mais doté de plus de circonscriptions, dispose de onze sénateurs, alors que l’Estuaire, qui concentre plus de la moitié de la population du pays, n’en compte que huit.

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« L’instauration du bicaméralisme [en 1997] visait à contrecarrer l’influence de l’Assemblée nationale, qui, dans son double rôle de législateur et de censeur de l’action gouvernementale, avait considérablement réduit la marge de manœuvre de l’exécutif au lendemain de la conférence nationale », explique le chercheur Ladislas Nze Bekale.

Pour mieux assurer au Sénat ce rôle de contrepoids, le PDG a d’ailleurs tout fait pour y avoir une majorité écrasante, soit 81 sièges sur 102 aux dernières sénatoriales, en décembre 2014. Reste qu’en acceptant de réduire à ce point le nombre de ses élus – et, partant, son coût – l’exécutif reconnaît implicitement l’importance toute relative de l’institution.

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