Quand la presse se met à niveau

Avec la création d’un organisme indépendant certifiant les ventes des journaux, le marché s’établira enfin sur des données incontestables.

Publié le 1 décembre 2003 Lecture : 2 minutes.

C’est une révolution dans le secteur marocain des médias. Chaque patron de presse pourra désormais présenter les chiffres certifiés de tirage et de diffusion de son titre. Un OJD (Office de justification de la diffusion de la presse payante) marocain est en cours de constitution, en collaboration dans un premier temps avec son homologue français. Sa création officielle est prévue pour le premier semestre 2004, selon Patrick Bartement, directeur général de l’OJD Paris.
Il apparaît ainsi qu’aujourd’hui les annonceurs, les publicitaires, les pouvoirs publics et un certain nombre de titres marocains éprouvent le besoin de connaître les chiffres réels de tirage, de diffusion et de vente des supports de la presse nationale qui acceptent de se prêter à l’expertise de leurs comptes. Que cette intention soit partagée par un grand nombre d’opérateurs est un événement en soi. Après avoir navigué pendant de nombreuses années dans l’approximation, la dissimulation, la complaisance…, la profession, au sens large du terme, souhaite maintenant une mise à niveau. Celle-ci passe par la création d’un organisme indépendant tripartite. Partout dans le monde la conjonction d’intérêts divergents garantit l’indépendance de ce genre de structure. L’OJD Maroc contrôlera chaque année les chiffres du tirage et de la diffusion payante et gratuite sur l’année civile précédente.
La création d’un OJD marocain s’inscrit dans le cadre du plan structurel de réorganisation du secteur global de la communication, vivement souhaité par le gouvernement. De séminaires en tables rondes, la profession s’interroge sur sa mutation et sur la régulation économique de son marché. Il est vrai que le paysage de la presse marocaine et plus largement de la communication a fortement changé ces vingt dernières années. Aux quelques titres hérités du protectorat et à la presse partisane subventionnée apparue au lendemain de l’indépendance est venue s’ajouter une floraison de nouvelles publications plus ou moins indépendantes à la fin des années 1980.
L’arrivée de médias privés a changé la donne. L’entreprise de presse commerciale s’est naturellement lancée à la recherche de recettes publicitaires pour vivre et d’un lectorat pour perdurer.
Grâce à l’OJD Maroc, le marché va s’établir sur des règles claires et des chiffres incontestables. Certains titres se sont déjà familiarisés avec cette démarche de certification. En 2001, le groupe Médiatrust, éditeur du tabloïd Le Journal et d’Assahifa Al Oousbouia, devient le premier adhérent marocain de l’OJD Paris et se fait contrôler sur l’année précédente. Maroc-Hebdo International adhère à son tour en 2002 ( pour être contrôlé sur l’année 2001), avant que le Groupe Caractères et le mensuel Parade emboîtent le pas en 2003 (pour 2002). En attendant que l’OJD Maroc voie le jour, les prestations techniques seront assurées par l’OJD Paris qui se propose également d’assurer la formation de contrôleurs et d’experts-comptables marocains.
Reste à fixer le montant de la prestation, qui, selon, Patrick Bartement, sera adapté au marché marocain. La question est de savoir si tous les titres de presse marocains suivront le mouvement. Ceux qui refuseront d’être contrôlés devraient logiquement disparaître à terme faute de chiffres clairs… et donc de recettes publicitaires… Sauf si la complaisance a ses raisons d’être que la raison du marché ne connaît point.

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