Quand les extrêmes se rejoignent

Publié le 2 décembre 2003 Lecture : 2 minutes.

Quatre mille sympathisants et militants du Hamas et du Djihad islamique ont manifesté, le 21 novembre, à Gaza, pour dénoncer l’Accord de Genève. Pour Nizar Riayan, un chef du Hamas, les Palestiniens qui ont participé à ces négociations, et qu’il a qualifiés de
« traîtres », devraient être traduits en justice pour avoir signé, au nom de peuple palestinien, un texte qui ne fait même pas mention du droit au retour des quelque quatre millions de réfugiés. Riayan a ajouté que les Palestiniens ne renonceront jamais à leurs droits sur la terre sacrée de Palestine. Le Hamas, éternel membre du « Front du refus », ne reconnaît pas l’existence d’Israël et s’oppose systématiquement à tous les efforts de paix consentis par les Palestiniens. Une chose est sûre : le Hamas et le Djihad islamique sont exactement sur la même longueur d’onde que la droite dure israélienne.
L’initiative de Genève a en effet provoqué la fureur d’Ariel Sharon qui la tient, lui aussi, pour une véritable « traîtrise ». Un député d’extrême droite, Shaul Yahalom, leader du Parti national religieux (PNR), a même « requis » la peine de mort contre les signataires israéliens, coupables selon lui de crime de haute trahison. Mais les oppositions à l’Accord de Genève ne viennent pas seulement de la droite dure.
Shimon Pérès, par exemple, ne mettra pas son aura d’homme de paix au service de ce plan. Le chef du Parti travailliste s’est en effet démarqué de l’initiative de Genève et préfère rester « loyal envers la feuille de route » le plan de paix international élaboré par le Quartet États-Unis, Russie, Union européenne, Nations unies). Pérès ne
croit pas à la viabilité d’un « plan total » qui permettrait un règlement définitif du conflit. Il reste fidèle à la méthode des petits pas : régler ce qui peut l’être dans un premier temps et renvoyer à plus tard les questions épineuses colonies, réfugiés,
Jérusalem). Beaucoup plus virulent, l’ancien Premier ministre travailliste Ehoud Barak a
jugé l’accord « irresponsable » et contraire aux intérêts israéliens.
À la Maison Blanche : petite cacophonie. Le 7 novembre, le secrétaire d’État Colin Powell a envoyé une lettre d’encouragement aux auteurs de l’Accord. Le geste de Powell pouvait
apparaître comme un camouflet pour le gouvernement Sharon. Mais la réaction de George W. Bush ne s’est pas fait attendre. Le même jour, Paul Austin, porte-parole de l’ambassade
des États-Unis en Israël, a confirmé que la lettre de Powell ne « constitue pas un soutien officiel [à l’initiative], mais un geste d’encouragement ». Austin a par ailleurs
ajouté que Washington reste engagé en faveur de la feuille de route.
Quant à Paul Wolfowitz, numéro deux du Pentagone, il a trouvé une façon détournée de s’opposer à Genève en déclarant, le 31 octobre, qu’il soutient le plan Ayalon-Nusseibeh, antérieur à l’initiative Beilin-Rabbo et quelque peu éclipsé par elle. Proche de la
feuille de route, ce texte prévoit l’établissement par étapes de deux États vivant côte à côte dans un délai de cinq ans.
Seul allié étranger d’Ariel Sharon, outre la Maison Blanche : Silvio Berlusconi. En visite officielle à Rome à la mi-novembre, le Premier ministre israélien a reçu le « soutien total » du président du Conseil italien et de son second, le fasciste repenti Gianfranco Fini.

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