Meurtre de Jean Hélène : jugement avant le 15 décembre ?

Publié le 1 décembre 2003 Lecture : 2 minutes.

A peine Jean Hélène avait-il été abattu, le 21 octobre, devant le siège de la direction générale de la police à Abidjan, que le sergent Théodore Sery Dago prévenait lui- même ses supérieurs : il avait bien tiré « accidentellement » sur le journaliste de Radio France Internationale (RFI) après l’avoir frappé au ventre avec le canon de son AK-47. Sery s’était laissé arrêter, inculper et incarcérer à la maison d’arrêt militaire d’Abidjan. L’autopsie puis l’expertise balistique sont venues confirmer les premières déclarations du policier. La balle qui a atteint Jean Hélène derrière l’oreille a été tirée à bout portant. La douille retrouvée près du corps provenait bien de l’arme de service du sergent. Pourtant, en dépit de ces preuves et des rapports accablants des experts ivoiriens et français, Sery s’est rétracté. Depuis le 6 novembre, il ne cesse de clamer son innocence. Un collectif de sept avocats assure sa défense. Un comité de soutien s’est même créé « spontanément » au lendemain de son incarcération. Et, dans la presse proche du Front populaire ivoirien (FPI) du président Laurent Gbagbo, on l’a élevé aux rang de martyr.
L’enquête ayant été bouclée, le procès pourrait se tenir, de source judiciaire ivoirienne, avant le 15 décembre devant un tribunal militaire d’Abidjan présidé par un juge civil. La France suit l’affaire de près. Dès le lendemain de la mort de Jean Hélène, le président Jacques Chirac avait appeler « fermement, vraiment très fermement, les autorités ivoiriennes à reprendre un peu de leurs sens et d’abord à maîtriser ces foyers de la haine et de l’agressivité ». Le procureur de la République de Paris, Yves Bot, s’est rendu sur le lieu du crime et a été reçu, le 17 novembre, par Laurent Gbagbo. Mot d’ordre du magistrat : il faut que cesse le climat d’impunité en Côte d’Ivoire.
Reste une question troublante. Comment a-t-on pu laisser une quarantaine d’activistes du « comité de soutien » au sergent Sery manifester le jour de la reconstitution, le 18 novembre ? Aux cris de « À bas Chirac ! », « Si vous touchez au président, on tue les 23 000 Français ! » ou encore « Souvenez-vous, l’Algérie ! », ils ont retardé de trois quarts d’heure le début de la reconstitution. « Des perturbations impensables en France », s’est offusqué l’avocat de RFI, présent sur les lieux. Aujourd’hui, Abidjan semble vouloir accélérer le pas. « Deux semaines pour organiser un procès, c’est un délai très court pour une affaire devenue extrêmement délicate et qui ne relève plus seulement du droit commun, estime l’avocat de RFI. Il faut que les passions retombent pour que le procès soit équitable. » Mais l’avocat français n’est pas sans ignorer que l’affaire est devenue politique et que le président Gbagbo a tout intérêt à ce que le procès soit terminé avant sa visite officielle à Paris. De bonne source ivoirienne, celle-ci serait programmée pour le 18 décembre.

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